La liberté c’est l’esclavage

En 1998 le Conseil National du Patronat Français a disparu. Il a fait place au Mouvement des Entreprises de France. Fonctionnellement rien à changé. C’est très exactement la même chose. A quelques détails prêts, la désignation. On ne se méfie jamais assez des mots qu’on nous met dans la tête. George Orwell nous avait pourtant prévenus au sujet de la novlangue mais personne ne lit plus George Orwell sauf si Netflix en fait une série en s’inspirant d’une iconographie stalinienne, j’y reviendrais.

« Conseil National du Patronat » avait le mérite de désigner une hiérarchie. Un groupe représentatif de patrons français, constitué à la demande du gouvernement. En 46, un an après sa création, le CNPF a élargi cette représentativité en signant une convention avec le conseil interfédéral du commerce. Cette convention donnera naissance au Conseil National du Commerce qui regroupe une trentaine de fédérations professionnelles. Les grands patrons français parleraient désormais au nom de tous les patrons, petits ou moyens. Reste que la terminologie désignait spécifiquement qui décidait. Une terminologie définie, compréhensible par tous et qui alimentait à loisir les mouvements de gauche. Et ça c’était quand même emmerdant. Le gauchiste pouvait désigner son ennemi, l’identifier et donc le combattre. Heureusement Ernest Antoine Seillière est arrivé et a trouvé la solution… Le Medef, le Mouvement des Entreprise de France… Il n’y avait plus de patron, il y avait des entreprises, plus de conseil national mais un mouvement. Un grand élan commun et confraternel. Et la gauche française s’est retrouvée privée de hiérarchie désignée, d’ennemi identifiable. A bas les patrons ! C’est simple, c’est facile à hurler et ça situe tout de suite. Mais à bas les entreprises de France ça fait de vous l’ennemi désigné de tout le monde ! C’est un non sens.

Dans les années 60 le mot qui revenait le plus souvent dans les bouquins de management c’était le mot hiérarchie. Ce mot avait défini le taylorisme, le fordisme, il indiquait une structure pyramidale et un mode de fonctionnement. Et puis est arrivé le toyotisme. Il s’agissait dès lors de faire adhérer l’employé aux « valeurs » de l’entreprise, il a cessé d’être un ouvrier pour devenir « acteur » de son outil de production. Pour être plus clair on l’a fait participer à sa mise en servage. La hiérarchie n’a aucunement disparu, en fait elle s’est même renforcée, mais on n’en parle plus. On ne parle plus des ordres de la direction. Le mot qui revient le plus souvent dans les livres de management moderne c’est celui de projet. On peut désobéir à un ordre, on ne désobéit pas à un projet, on en discute…

Glissement sémantique du capitalisme

D’ailleurs ce mot de projet a envahi notre propre champ lexical. C’est normal, c’était le but. On parle de projet de vie, comme si vivre n’était pas un projet en soi. On parle de mise en place d’un projet de réinsertion et plus mise en place de mesure de réinsertion. Parce que non seulement un projet ça peut échouer mais que « mesure » ça contraint le patronat et l’état à mettre en place une mécanique et un cadre juridique. Et ce n’est plus le seul mot qu’on essaye de faire disparaitre ou qui a disparu pour lisser le discours du capital et retirer à ses adversaires les mots pour le désigner. Vous n’avez pas remarqué par exemple que le mot « chômeur » est associé de plus en plus au langage trivial tandis que les médias préféreront celui de « demandeur d’emploi ». Pourquoi demandeur ? Si ça se trouve le monsieur ou la dame qui a payé des cotisations pour ce droit légitime n’a pas envie de réclamer un emploi. Il ne demande rien. D’ailleurs pourquoi « demander » ? Je ne demande jamais un emploi, je réponds à une offre. Et cette offre ne correspond pas à mes besoins mais à celui d’une entreprise. C’est elle qui est demandeuse en réalité, pas moi, On ne m’offre rien, c’est moi qui offre. J’offre mon intelligence, mes bras contre un salaire qui ne correspond à rien sinon une convention collective. Une hiérarchisation des salaires décidée non pas par un mouvement d’entreprise mes doigts mais par une négociation entre les patrons et ceux qui me représentent en théorie, les syndicats.

Prenons deux cuisiniers, des chefs de parti, l’un et l’autre touche un salaire sensiblement identique qui correspond à une convention. Le premier n’a aucun diplôme, il pratique son métier d’une manière approximative mais il a été désigné chef de cuisine. Le second est diplômé, il pratique son métier comme il l’a appris à l’école mais la hiérarchie a décidé qu’il serait en dessous du premier. Pourquoi ? Comment est-ce possible ? Parce que la hiérarchie est injuste ? Non, parce que l’on ne parle plus de métier mais de compétences. Une compétence désigne une aptitude. Par exemple je suis compétent pour me gratter l’oreille. Un métier désigne un apprentissage, un savoir-faire, et je n’ai besoin d’aucun savoir-faire pour me gratter l’oreille. Vous saisissez la nuance ? « à compétence égale, on engagera le moins cher »…. Vous comprenez le sens de cette phrase maintenant ? La seule compétence égale que j’ai avec mon voisin payé moins cher c’est qu’on peut tous les deux se gratter les couilles. En revanche saura-t-il aussi bien travailler que moi ? Pas sûr.

Mais je ne devrais pas utiliser le mot travail. Le travail a disparu, aujourd’hui je remplis un emploi, je suis un employé ou un « demandeur » d’emploi…. Le tout sur un « marché » de l’emploi.  Un emploi c’est un contrat entre un employeur et un employé dans le but de la réalisation d’un travail. Rien de plus : un contrat. Votre CDD, votre CDI, c’est ça l’emploi la nature de votre contrat qui défini le cadre d’une tâche a effectuer pour un montant x. Un travail engage en revanche une production, un outil de production et un savoir-faire. Engage surtout un travailleur. Autre mot qui a disparu du champ lexical. Maintenant on préfère parler de salarié. Non pas désigner une personne dans un contexte, le travail, mais par le moyen de paiement. Bah oui il faut bien rappeler ce que vous risquez si vous voulez rompre les termes de votre emploi. Si vous voulez revoir même votre emploi, votre contrat. Bref si vous ordonnez un mouvement social. D’ailleurs on a fait mieux, on a répété à l’envie que le mot travail désignait un objet de torture. Etymologie du superficiel, alors qu’une étude linguistique plus poussée montre que le mot serait plus proche de la notion de voyage, de traverser, d’aller vers un but  nécessitant de surmonter des résistances. Et on a d’autant propagé ce concept que l’idée est de faire totalement disparaitre le travail. Au bénéfice d’un contrat, et un contrat ça peut se rompre.

Guerre culturelle

Quand George Orwell écrivit 1984 il avait en tête de dénoncer le totalitarisme dans son ensemble. Le totalitarisme et comment notamment il travesti les mots, l’histoire et défini les termes de ce qui est vrai ou non. Pourtant toutes les adaptations du roman reposent leur iconographie, leur univers sur le seul totalitarisme soviétique. Ce n’est pas le moins du monde un hasard. La première adaptation cinématographique a bénéficié des fonds secret du programme culturel de la CIA. En 1984, il y eu une nouvelle adaptation avec John Hurt, je ne sais pas pour la CIA mais je peux d’autant en parler que je suis allé voir le film à mon retour d’URSS. Et à nouveau le film s’inspirait du totalitarisme soviétique. Et si vous voulez vous en convaincre, comparez maintenant l’iconographie d’un autre film, Brazil. Brazil dénonce également le totalitarisme, mais le totalitarisme dans son ensemble, le totalitarisme désidéologisé. Le nôtre, celui que nous vivons aujourd’hui, et son iconographie emprunte cette fois non pas à l’ère soviétique…. Mais à l’Angleterre de Thatcher. Reste qu’aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif, 1984 est associé à l’ère stalinienne, c’était le but. Et ailleurs c’était le monde « libre » comme le savent bien les opposants à Pinochet…

Depuis les années 50 le capitalisme est engagé dans une guerre culturelle et sémantique. Aujourd’hui il joue sur les termes de la perception. Par exemple on parle à l’envie de « créateur de richesse » Or d’une part le mot « créateur » est emprunté au champ du sacré puisqu’il désigne quelqu’un qui tire quelque chose du néant, par exemple Dieu. Et richesse implique une notion d’abondance. On est donc même plus dans le registre de l’entreprise mais celui de Midas. Un créateur d’abondance. Mais quelle abondance exactement ? Une abondance d’outils de production, de produits, de bienfaits quelconques ? Ou de Porsche dans le garage ? Les patrons ne créer pas de la richesse il fabrique de la valeur. Ah oui mais vous me direz mais si ils créent de la richesse parce que ça fait plein de sous ! Mais où est-ce que vous avez vu que d’avoir plein de sous impliquait de la richesse ? Vous n’avez jamais entendu parler des mots dévaluation ou inflation ? En 1933 en Allemagne il fallait plein de sous pour s’acheter un pain, une brouette complète. De plus, un patron ne tire pas quelque chose du néant, ce n’est pas lui qui créer, ce sont ses employés, ce sont les travailleurs, fort d’un savoir faire qui, dans le cadre d’un contrat, réalisent quelque chose. Le patron lui dirige. Ce n’est pas sortir quelque chose du néant que de diriger. Diriger étymologiquement ça veut juste dire mettre en ordre, ranger, hiérarchiser. Le fouet dirige, l’esclave produit de la richesse. Et celui qui tient le fouet décide de sa valeur.

De la valeur du produit, mais également du travail et à forcerie du travailleur. C’est pour ça qu’il n’y pas non plus de « marché » de l’emploi. Un marché se défini par une offre par rapport à une demande. dont les prix sont indexés sur les coûts et les outils de production.  Les entreprises ont des besoins. Les contrats de travail sont une demande indexés sur ces seuls besoin auquel on répond par l’offre d’un savoir faire lui-même indexé sur la notion subjective et fausse de « compétence ». Ainsi on pourra dire à tel jeune diplômé qu’il est trop jeune et à un autre qu’il n’a pas les diplôme requis. Son savoir faire réel ou supposé n’intervient nulle part et un contrat de travail n’implique nullement le coût de production mais la valeur que l’on souhaite en tirer.

Dans cette guerre culturelle le terme d’ouvrier a disparu du lexique médiatique. Il a tellement disparu des bouches qu’il a fini par disparaitre des esprits, et la plus part des français pensent que la population ouvrière est en train de rejoindre celle des agriculteurs. Or les ouvriers représentent quand même 20,4% des travailleurs, Troisième force en termes de catégorie sociaux-professionnelle. Mais ils disparaissent des esprits de sortes que la question ouvrière qui avait animé tout le XXème siècle soit remplacé par « la question de l’emploi ». la question autour non plus d’un métier, d’un savoir faire, d’une condition sociale, mais autour d’un contrat, d’une compétence, d’un projet de vie. Mieux encore, on a délibérément entretenue la confusion entre petit et grand patron avec le terme entrepreneur. Un entrepreneur créer et dirige une entreprise, il peut s’agir de fabrication de barbe à papa ou d’ordinateur portable. Ce n’est pas le même domaine, ni les mêmes contraintes, ni le même niveau de financement mais cette confusion lexicale permet de faire croire que si. Ainsi on va entendre machin ronchonner qu’on n’aime pas les patrons en France, et que si on veut savoir comment c’est trop dur on a qu’à créer une entreprise. Et Macron de pouvoir entretenir la confusion en faisant marcher la fibre de l’épicier, déclarant en 2012, que la vie d’un entrepreneur était plus dur qu’un salarié parce que lui il pouvait tout perdre. Le petit patron qui galère pour se payer son premier salaire ne peut qu’adhérer à cette notion totalement fausse.

D’une part, un salarié peut également tout perdre du jour au lendemain comme le savent les ouvriers de Mital, Carrefour, Bernard Arnaud, du Pas-de-Calais, de la plaine Saint Denis et tous les endroits où le chômage a fait des ravages. D’autres part quand machin ne vend pas son prototypes d’épluche patate, il en est de sa poche, Serge Dassault lui peut compter sur l’état c’est-à-dire nos impôts pour réparer ses erreurs industrielles. Le CICE n’était pas destiné à aider les petites entreprises mais le CAC40 qui s’en est servit pour reverser des primes et des dividendes. Une confusion qui tend à vouloir faire croire que les petits patrons sont des dirigeants comme les autres alors qu’en réalité ce sont des ouvriers, le bas de l’échelle et qu’il n’y a pas le moindre rapport entre le patron d’une usine de papier et Bolloré.

Croyez-moi, mon père était un petit patron. Il n’a jamais dépassé le stade de deux employés, il a travaillé toute sa vie plus de dix heures par jour avec quelques unes des plus grosses entreprises au monde, et il a fini ruiné. Il n’a pas fini ruiné en raison de son incompétence mais en raison d’un marché qui l’a éjecté du circuit. Cargill, un de ses plus gros clients a pu absorber le choc pétrolier en raison de sa taille, mon père lui se l’est prit en pleine figure et ne s’en est jamais complètement remis. Et ainsi on parlera de Mouvement des Entreprise Françaises, entretenant une confusion qui ne profitera qu’aux milliardaires de ce pays.

Le fascisme libéral.

« La baisse des charges sociales nous fera gagner en compétitivité ». Cette phrase type nous l’avons tous entendu 2000 fois, sous cette forme ou une autre. Et même parfois, pour ajouter de l’angoisse à la peur, on précise, « nous n’avons plus le droit à l’erreur en ces temps de mondialisation. » Déjà, ne plus avoir droit à l’erreur ça s’appelle le fascisme. Ensuite il ne s’agit pas de charge, mais de cotisation, et des cotisations qui profite à tout le monde, même à l’entreprise. Un ouvrier se blesse, ses frais d’hospitalisation sont à la fois payés par l’état, l’ouvrier et l’entreprise. Chacun met un peu la main à la poche. L’ouvrier peut se soigner, l’entreprise est couverte et l’état n’a plus à sa seule charge le personnel soignant. Et le tout forme un contrat social. De plus cela repose sur un postulat qui n’a aucun lieu d’être. Monsieur Durant, fabriquant de montre à Roubaix n’est pas en concurrence avec monsieur Wong, fabriquant de montre à Hong Kong, ils sont tous les deux en concurrence avec Sony qui fabrique notamment des montres. Là effectivement il y a une compétition. Et une compétition parfaitement déloyale puisque ont l’expose à un marché globale. Et quand je parle de marché globale, je ne parle pas de marché international, je parle d’entreprise globale qui non seulement n’ont aucun mal à concurrencer une PME mais mieux peut absorber la dites PME, la démanteler, faire une plus-value sur ce démantèlement et ainsi éliminer physiquement la concurrence. Alors de quoi on parle ? Prenons deux marques, X et Y. Toutes les deux appartiennent à une holding différente, rentrent-elles en concurrence ? Pas le moins du monde, même si elles vendent des produits similaires. La concurrence, la seule, elle est exercé au sein même des entreprises, entre les employés afin d’augmenter la valeur de l’entreprise. On licencie par exemple deux milles personnes et on obtient avec moins de monde exactement la même production, voir plus. La valeur de l’entreprise a augmenté, les employés sont pressurisés, mais on préfère le mot « optimisation du temps de travail ». Et ainsi 2,3 millions de personnes dans le monde peuvent mourir par an en raison de leur seul travail.

Mais ça ne suffisait pas. Les grands patrons ont parfaitement compris que le révisionnisme lexical ne pouvait pas se limiter au seul monde du travail. Tous les mots qui fâchent ont été repassés à la moulinette de la novlangue libérale. On ne dit pas les pauvres, on parle des « défavorisés ». D’un côté on définie un individu par un statut économique sur lequel on peut rattacher un certain nombre de raisons structurelles. De l’autre le mec a pas eu de bol. On ne parle plus de réfugiés, mais de migrants. On ne parle plus d’individus cherchant un abri pour des raisons objectives, on parle des cigognes. Comme si les gus sur le bateau avaient vocation à ne faire que migrer, passer d’une région à l’autre sans s’arrêter, jamais. Le riche migre au Touquet pour la fin de ses vacances. Le pauvre lui essaye de s’installer quelque part. Et le plus beaux, c’est qu’à l’intérieur même de cette population, puisqu’ils ne font que « migrer », le réactionnaire pourra faire un distingo entre le « migrant » économique et celui qui tente d’échapper à la guerre. Le migrant qui ne trouve pas de boulot chez lui, sûrement parce qu’il est trop feignasse, alors il vient piquer celui des français. Et le migrant opprimé qui ferait mieux de rester chez lui et de résister sur place… comme De Gaulle par exemple. On ne parle plus d’indigent mais de Sans Domicile Fixe ou de Mal Logé quand on loge chez les autres. La question n’est plus sociale ni économique, elle est rattaché à la valeur locative. Et c’est tellement vrai que lorsque moi-même je racontais que SDF je logeais à l’hôtel au mois, quelqu’un m’expliqua que je n’étais pas SDF puisque je ne dormais pas dans la rue. D’ailleurs ça veut dire quoi « mal logé ? ». Actuellement je ne loge pas chez les autres mais je suis affreusement mal logé. Le loyer coûte un œil, mon bac de douche est trop bas, il fait plus chaud dedans que dehors en été, et plus froid en hiver. Je tourne à l’électricité, ce qui du coup me coûte une blinde pour me chauffer, et en plus c’est minuscule ! Alors que quand j’étais officiellement « mal logé », je vivais chez ma mère dans une maison de 150m² avec jardin, je ne payais pas de loyer, et je bénéficiais du confort d’installations luxueuses dans lesquels je n’avais pas investi un centime !

Pourquoi pensez-vous qu’on ne parle plus de femmes de ménage mais de technicien de surface ? L’un désignait une tâche, le ménage, donc un  travail, un savoir faire, l’autre définie un périmètre et suggère une technique sans la définir. Et qui plus un périmètre sans limite. Une surface pouvant aussi bien désigner une fenêtre qu’un terrain de foot. Et mieux encore, aujourd’hui, la même femme de ménage, qui fait exactement le même travail, sera un agent technique. Là on est allé encore plus loin puisqu’on ne fixe plus du tout de périmètre et donc de limite à la fonction. Une fonction parfaitement abstraite. Un agent n’est pas une personne c’est une entité, une entité qui a une action déterminante, et apparemment employant une technique. Laquelle ? A quel usage ? On sait pas. Si mon poing partait, par exemple, dans la face de Macron, mon poing serait une entité avec une action déterminante, employant une technique, par exemple la boxe anglaise. Et voilà la dame du ménage et mon poing rendu à égalité.

Il en ira de même avec les syndicats, qui cessent de l’être pour devenir « partenaires sociaux ».  Or un syndicat est là pour défendre les travailleurs, pas devenir le partenaire du patron. Seulement cette désignation permet d’éliminer ce vilain mot de « syndicat » pour figurer une complicité, une entente dans le plan de licenciement. Et d’un coup le défenseur des travailleurs devient le complice du patron. Et dans cette même logique de dénaturation, de déshumanisation, toute idée remettant en question ce constat, pour peu qu’elle soit étayée par un discours et émise par une personne vivant dans une condition sociale favorable sera qualifié d’idée de « bobo ». Littéralement un bourgeois bohème. A savoir un bourgeois avec des idées bohèmes, sous entendu il ne connait pas « les réalités sociales ». Et tant pis si la réalité est une affaire de perception et de subjectivité, tant pis si choisir de venir en aide à un réfugié et non à un « migrant » n’a rien d’une idée bohème mais d’une position humaniste. D’ailleurs qu’est-ce que ça veut dire « connaitre les réalités sociales ? » Zola ne connaissait pas la réalité ouvrière, il constatait la situation sociale du monde ouvrier, il l’observait. Marx aussi était un bourgeois, il a pourtant parfaitement démonté le mécanisme du capitalisme. Hugo était fondamentalement bourgeois et bohème par obligation est-ce que ça devait lui interdire de réfléchir et d’écrire sur la condition sociale des ouvriers ? Mais déshumanisez l’ennemi idéologique dans l’intervention de trois minutes d’un réactionnaire comme Zemmour, associez ça au mouvement de 68, et de 68 seulement, et une position politique s’inscrivant dans une tradition humaniste devient une tocade de gamin. Une tocade de gamin, nous dit le même Zemmour, qui a totalement dénaturé la société, mieux qui a fait des immigrés le « peuple révolutionnaire de l’extrême gauche ». Glissement sémantique une nouvelle fois puisque les immigrés ne sont pas devenu « le peuple révolutionnaire » d’une cause, ils ont simplement remplis les usines au côté de l’ouvrier français. Et que faisait cette gauche là, depuis toujours, défendre les intérêts des ouvriers, des travailleurs en générale indifféremment de leur origine géographique. La capitalisme verrouille le discours, et charge ses chiens de garde d’en interdire l’accès.

Et le client devient consommateur. Il n’est plus une entité avec des besoins et des exigences spécifiques, c’est juste un veau a qui on donne son foin, une mâchoire et système digestif. La compétence permet de faire d’un savoir-faire, un apprentissage, une marchandise. Une entreprise américaine peut pucer ses employés comme des animaux de compagnie. Mais heureusement, n’oubliez pas : « le travail rend libre »

Le grand carnaval ou le bonheur des ogres.

Pour la première fois peut-être depuis l’instauration du suffrage universel, et certainement depuis le début de la 5ème République, la France est présidée par un homme qui n’a pas été élu par la majorité mais par une poignée de français.  En additionnant les vote blancs, les abstentions, et ceux qui ont préféré Le Pen, Emmanuel Macron, le nain-soleil, a été élu par 44% des français et encore moins si on fait la somme des deux tours. Pour la première fois depuis le début de la 5ème, non seulement ce vote a été purement et simplement volé par une comptabilité scélérate mais qui plus est les lois ne sont dans les faits pas respectées. Et absolument aucun responsable politique de Le Pen à Mélenchon pour relever l’escroquerie et demander une mesure de destitution.

Pour la destitution ça va être un peu compliqué parce que la loi de 2007 stipule qu’il peut-être destitué s’il manque à ses devoirs. Ce qui en soit est libre de toute interprétation selon le contexte. Par exemple, dans une entreprise, un cadre payé douze mille euros et qui se tire en vacance à peine trois mois après être rentré en fonction, manque clairement à ses devoirs. Pas au sommet de l’état, visiblement. Pour ce qui s’agit de relever l’escroquerie, considérant le peu d’électeurs avec 24,5% d’abstention et 11% de votes blancs on peut comprendre que ces deux caciques de l’opposition autorisée par le patronat ne soient pas chaud patate à l’idée de remettre en question un système qui les a portés de justesse. Et pareil pour les législatives. Apparemment la vieille soupe ne fait plus recettes. Quelque soit l’ingrédient magique que le patronat mettra dedans d’ailleurs. Nationalisme pseudo gaullien avec de vrais bouts de fascisme dedans pour faire très, très peur, à l’instant Macron. Ou marxisme pouet à la sauce éco-responsable et économie participative avec de vrai bout de diva 2.0 dedans, celui qui fait les gros yeux aux journalistes stagiaires, pour faire rire à l’instant Gattaz.

Remarquez ça donne un spectacle assez croquignolet en ce moment au Palais Brongnart. Je peux vous en parler moi mes muppets quand j’étais gamin c’était l’assemblée le mercredi. Bah ça a beaucoup changé hein. Aujourd’hui on a les cravates contre les sans cravates, c’est comme les sans culottes mais en plus poli. Les sans cravates râlent que c’est trop injuste qu’on retire cinq euros d’APL ou de supprimer les emplois aidés, les cravates disent, ah oui mais c’est comme ça, et la loi passe. Quelques cravates et sans cravates disent qu’il faudrait obliger les élus à avoir un casier judiciaire vierge, comme par exemple un agent technique dans une mairie, les autres cravates, unanimes se lèvent et font oui mais non ça serait anticonstitutionnel. Oh c’est pas du jeux répondent les sans cravates et quelques cravates, c’est toujours vous qui gagnez ! Bon d’accord, rétorquent les autres alors on va dire que si y disent nègre ou youpin bin y seront puni, même pas droit de venir. Pff même pas peur, répond Marine, et dans les tribunes, la Licra ouéééé bravo, vive la France ! C’est historique ! Tralala pouet ! Bien fait Marine, bien faaaait euh !

Vous n’avez pas un tout petit peu l’impression qu’on se fout de votre gueule ouvertement ? Pas les cravates et les sans cravates, enfin presque pas tous, non je parle de messieurs Bolloré, Pinaud, Lafarge, Lagardère, Niel, Arnaud, et notre président de la république bien aimé, Pierre Gattaz ?

Pour 12000 euros t’as plus rien.

Selon la garde des sceaux et tout plein d’expert, la loi confiance, comme les couches du même nom apparemment, présentait de fort risque d’inconstitutionnalité. Soit. Mais quand elle parle de « fort risque » elle parle de quoi exactement ? C’est important les mots, la façon dont on les présente à un public gogo. Admettons qu’ils aient voté la loi, pouf le conseil constitutionnel l’examine et fait ah non c’est pas bon, faut refaire. Et alors ? C’est ça le risque ? Qu’une loi soit retoquée par le conseil, comme par exemple la loi sur le logement que voulait faire passer Duflot et qui est ressortie remodelée et inoffensive à son second passage. ? Moi qui imaginais un genre d’explosion hollywoodienne, ou une épidémie biblique, c’est plutôt nul comme « fort risque. ». et sinon, je voulais savoir, niveau constitution justement, elle a été apportée par Moïse et gravée dans le marbre par le doigt divin ?  Ah oui mais non, la constitution de De Gaulle elle est magique. Elle donne au chef de l’état un pouvoir et une représentation de monarque, et ça monarque, ça lui plait bien l’employé du mois. Avec Maman ils ont même décidé sans rien demander à personne qu’elle ferait genre reine mais moderne quoi tu vois, first lady genre. Je ne sais pas pour vous mais quand j’entends le terme « Première Dame » je me demande, pourquoi il y en a d’autre ? Il tient un harem ? Première dame par rapport à qui exactement ? Par rapports aux autres dames du pays ? Pourquoi parce que c’est le fait du roi ? Qu’il va la baiser en premier et les autres doivent suivre la file ? Aaaah non je sais, parce qu’elle va aller serrer des louches dans des cocktails pour dame riches et généreuses pendant que leurs maris sont occupés à déposséder un peu plus leurs chers pauvres. Les pauvres, les malades, les affamés, les réfugiés sont à ces épouses là ce que les chiots sont à vos enfants. Et tous les ans on déplore autant de chiens abandonnés que de nouveaux affamés, de nouveaux pauvres, de nouvelles victimes du trafique humain. Et à propos de ce nouveau statut, cette charte de « transparence » qu’a émit l’Elysée pour Maman, vous avez entendu les cravates et les sans cravates mugir à l’assemblée ? Un vent de révolte a parcouru cette royale « démocratie » ? Non tu comprends c’est l’été tout ça… On verra pour les grèves à la rentrée, mais pas à Noël hein, on reçoit les Durand et y’aura dinde.

 Oui, elle est bien pratique cette constitution et ce principe du suffrage universel. Elle permet à des condamnés multirécidivistes comme Dassault ou Balkany de continuer de voter des lois scélérates en s’enrichissant. Elle autorise le CAC40 a faire élire son employé, après que leurs autres employés, les médias, aient orchestré la plus formidable campagne électorale en faveur du dit employé depuis Nicolas Sarkozy. Elle protège financièrement tout ce beau monde qui, en cas de coup dur, pourra non seulement toucher une rente à vie mais trouver un emploi dans la finance en cas de pépin. François Fillon, par exemple, un homme de conviction comme chacun sait, avait un certain talent pour la levée de fond mais guère pour ce qui s’agit de maquiller ses comptes. Ce pourquoi il va travailler bientôt pour une filiale de la Société Générale.  La Société Générale, pour maquiller les comptes, on le sait depuis les Panamas Paper aussi bien que Kerviel, c’est des as. Sarkozy aussi s’est fait une raison à son narcissisme, il parle également de bosser pour la finance et faire « plein de pognon » comme il aime le dire avec sa poésie coutumière. Narcisse 1er lui ronchonne un peu, à un gamin qui lui parlait de son salaire il répondait que c’était pas avec douze mille malheureux euros qu’il fallait compter s’enrichir. C’est vrai quoi, trois mois de salaire à 12000 euros pour partir en vacance à Marseille c’est nul. Les gens ne se rendent pas compte du prix de la bouillabaisse au caviar.

La France ou la corruption institutionnalisée

Le budget de la justice française est égal à celui de la Moldavie. Vous me direz comme on n’arrête que des voleurs de poule ça reste dans le ton. 60% des détenus sont des jeunes issus des couches populaires et ayant entre 16 et 19 ans. Et pour compenser sans doute on a créé 29 lois pénales depuis 2000, en durcissant les sanctions et la durée des peines. En revanche, le scandale du Médiator déclaré en 2010 ne sera jugé, peut-être qu’en 2018 ou 2019. On attend que tout le monde soit morts La prison de Fresnes est insalubre et surpeuplée à 200% de ses capacités, le Conseil d’Etat a refusé de faire quoi que ce soit. En revanche l’affaire Françoise Nicolas dont votre télé ne vous a jamais parlé, déclarée en 2009 et qui implique un détournement de fond avec l’aide de l’ambassade de France au Bénin et du Quai d’Orsay, menace de mort, et tentative de meurtre sur la personne de mademoiselle Nicolas n’a toujours pas été jugée en 2017. Où en sont les affaires Fillon et Sarkozy ? Je l’ignore comme vous, dans les limbes de l’oubli, des procédures baillons et des recours dilatoires à répétition. Les procédures baillons, vous savez comme dans l’affaire Kerviel quand ils lui ont réclamé quatre milliards de dommage. Ou dans l’affaire Clearstream quand la partie adverse réclamait 300 millions à Denis Robert.

Le CSA puni C8 de publicité pendant trois semaines en raison du sketch homophobe de son pitre vedette, Bolloré réclame 13 millions au CSA, trois semaines de bénéfices perdus selon lui. Il n’en a pas besoin bien entendu mais il est comme ça Vincent, il aime montrer qu’il en a une grosse et que c’est lui le chef. Il peut, lui comme toutes les holdings précités ou impliqués dans les scandales financiers qui émaillent régulièrement ce pays depuis des lustres, sont couverts par trois choses : une montagne d’argent, des armées d’avocats et un code de procédure pénale  épais comme un bottin et qui s’épaissit chaque année. En revanche, comme le fait remarquer le magistrat Eric Alt personne n’envisage de le simplifier, au contraire du code du travail. Pas plus qu’on ne parle de simplifier la fiscalité et les procédures judiciaires idoines.. D’ailleurs le parlement a voté contre la levée du verrou de Bercy, réclamé (pour une fois) par le Sénat. Touche pas au grisbi salope ! C’est nous qui disons qui on doit poursuivre en justice. Tiens, à propos de procédure, elle en est où Marine avec le Parlement Européen ? Les élections sont passées ça y est ils sont réconciliés ou bien Marine fait de l’obstruction ? Ou bien peut-être qu’on manque d’huissier, de juge disponible pour les affaires financières… Tu sais en Moldavie….

Il existe une autre institution, en dehors de l’état et du CAC40 qui peut compter sur la justice française pour la protéger, la grande criminalité. Si la marmaille des petits dealers continue d’être enfermé par wagon entier par une police du chiffre, le trafique de drogue se porte fort bien, et les mafias également merci. Au Havre les affaires de cocaïne se multiplient au rythme du trafic, à Grenoble les magistrats tirent la sonnette d’alarme. L’ex patron des stups, François Thierry a été mis en examen pour avoir protégé et aidé à s’enrichir son tonton, un très gros trafiquant de marocain. L’implantation mafieuse est forte en Ile de France, dans la Loire Atlantique, en Isère, Rhône Alpe, Alsace et équivalente à celle du sud de l’Italie où sévissent quatre mafias, dans la région PACA. Et tiens dis donc c’est justement dans cette région que Maman et son prodige sont allés se reposer après la terrible épreuve des discours vaseux et des serrages de mains. Bon, ne soyons pas mauvaise langue, le fait qu’un journaliste ait fait de la garde à vue, son appareil fouillé, parce qu’il avait osé photographier le couple royal n’a rien à voir. Que deux ministres d’état louent pour leur vacance une villa appartenant à un ancien trafiquant de drogue non plus. C’est le hasard, la faute à pas de bol, tu comprends en cette saison en Corse c’est super dur de louer une villa avec piscine. Et puis Marseille c’est si charmant, Maman adore ! C’est génial ! Comment ça je porte des accusations calomnieuses ? Comment ça l’état français ne fricote pas avec les voyous, jamais, parce que c’est pas républicain. Et si on parlait d’Etienne Léandri, de Charles Pasqua, d’Elf et du réseau corso-africain ? Ah ils sont tous morts, c’est le passé ! Même Elf a été racheté par Total… Bon plus prêt de nous, les beaux costumes au beau François offert par maitre Bourgi. Pour situer, Robert Bourgi c’est la nouvelle courroie de transmission de la France Afrique après Foccard et Pasqua. Une courroie qui les relie aux parrains du sud de la Corse. Mafia corse qui au demeurant contrôle la plus grande part du trafique de stupéfiant en France. Une vieille tradition française qui remonte à l’avant-guerre, les parrains corses et la drogue. Une vieille amitié avec les politiques également. Heureusement les saisies sont spectaculaires, la consommation également. Comme le fait remarquer Fabrice Rizzoli membre d’Anticor et de CrimHALT, auteur du Petit Dictionnaire Énervé de la Mafia on préfère faire des grosses saisies simplement parce qu’on manque de greffier et que ça fait des jolis photos. Comparution immédiate, instruction courte, pas d’écoute tout ça, et puis d’abord pour écouter quoi ? On a attendu 2004 en France pour admettre l’implantation mafieuse, et encore du bout des lèvres. Les témoins ? Les repenti ? Institué en 2000 le programme de protection des témoins marche sur une jambe. La jeune femme qui avait balancé Abdelhamid Abaaoud s’est retrouvée sans protection, son identité révélée. Grâce à sa loi sur les biens mal acquis, l’Italie prend six milliards par an à la mafia. Une loi sur les biens mal acquis ? Au pays de Patrick Balkany et de sa villa Pamplemousse ? Au pays de Serge Dassault, des costumes à cinquante milles boules et des frais de maquillages à 26.000 euros ? Vous êtes fous ? Et le château que notre bon président de la république Pierre Gattaz vient de s’offrir pour 11 millions d’euros, vous y pensez !? Bande d’ingrats ! La France d’en bas n’existerait pas sans celle d’en haut, si, c’est monsieur Dassault qui l’a dit. Tiens à ce propos de cette note de maquillage de 26.000 euros. Pourquoi les gens trouvent ça trop cher ? Personne n’a jamais entendu parlé du terme fausse facture dans ce pays ? Double comptabilité ? Non ? Pourtant c’est un vocabulaire que Jacques Chirac, Alain Juppé, François Fillon, Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur, etc… nous ont bien apprit..

Mais enfin rassurons nous, pour en revenir au seul trafique de drogue, le vieux monsieur de l’Intérieur a une super idée. Faire comme si la loi de 2015 sur les amendes envers les usagers avait été votée cette année à son initiative. Comme ça c’est pratique d’une main on enferme les enfants de pauvre et de l’autre on racket leur client. Et hop, pas d’émeutes, pas de brasier de 2005, ils sont tous déjà au trou.. d’ailleurs le porte-parole de notre firmament indépassable, Christophe Castaner, l’a dit : « Rien ne menace la liberté si cela permet de lutter efficacement contre le terrorisme ». Kim Jong Il n’aurait pas dit mieux. George Orwell par contre doit hurler dans sa tombe.

La guerre des classes est engagée et les patrons sont en train de la gagner.

Du début du siècle aux années soixante, la guerre des classes a été engagé à l’initiative des ouvriers et de quelques intellectuels bourgeois et ouvriers. Cette guerre des classes, cette lutte sociale a accordé un salaire en propre aux femmes, leur droit de vote, les congés payés, la sécu, la semaine de quarante heures, la fin du travail des enfants, etc…Ce que l’on appelle aujourd’hui avec mépris mâtiné de condescendance le « gauchisme » a porté absolument tous les progrès sociaux de nos sociétés moderne. Entendant que l’on englobe dans le gauchisme absolument tout et n’importe quoi du féminisme au Che 2.0 l’hologramme marxiste, en passant par le Jurassik Park de la rue Solférino. Sans tenir compte ni que le socialisme est passé de la cause populaire à la cause bancaire en un siècle, que le féminisme  a d’abord été porté par des dames fort chrétiennes et qu’il a d’autant embrassé d’autres causes que les femmes sont une force économique et sociale de notre pays. Que l’anarchie a été abattue autant par le communisme que le fascisme et les forces du capital. Que le communisme est devenu une expérience intéressante pour qui aime les hôpitaux psychiatriques. Bref… On occulte surtout que depuis les années 50 à aujourd’hui, lentement, scientifiquement, posément le patronat s’est ingénié à vider de tout contenu la lutte sociale, de tout pouvoir. On oublie surtout que la guerre des classes est aujourd’hui engagée par les milliardaires de ce monde et qu’ils ont en train de la gagner.

De quoi s’est fabriquée cette lutte sociale, de quoi s’est-elle nourri ? De sang et de martyr, certes. D’essais et de manifestes politiques également.. Mais avant tout des écrits de Zola, Dickens, d’un rejet de l’académisme bourgeois chez les impressionnistes, de la démocratisation du beau pour le Bauhaus. Elle s’est nourri du théâtre de Brecht, des Raisins de la Colère, du cinéma de Pasolini, de Camus, Sartre, de la Nouvelle Vague. Bref d’une culture, d’une pensée artistique et culturelle subversive qui témoignait, militait, inséminait la société avec une pensée humaniste et sociale au lieu d’être exclusivement tourné vers la libre entreprise et le marché. Cette réalité n’a pas du tout échappé à la CIA dans les années 50 et 60, pas plus qu’elle n’a échappé aux tenants de l’économie de marché. En Allemagne, Italie, France, dans toute l’Europe de l’ouest les Etats-Unis ont exercé un travail de sape sur les intellectuels, cinéastes, peintres, écrivains de sensibilité de gauche. Favorisant bien entendu les défenseurs de la libre entreprise. On a défendu un certain art abstrait qui ne disait plus rien, on a encensé les reproductions de Warhol, et l’art contemporain est né. Un art de la transgression et non plus de la subversion. Un art dont on pouvait décider la valeur immédiatement sans créer de la richesse. Un art consommable. Et aujourd’hui un Velasquez vaut moins cher qu’un placard plein de flacons rempli par un quelconque génie élu du marché.de l’art. François Pinaud est contant, il peut jouer à Laurent de Médicis et les Aventures de l’Abattement Fiscal.

Observez notre paysage culturel actuel, vous n’avez pas l’impression qu’il y a quelque chose qui manque ? BHL, le chevalier blanc de ce programme américain de détricotage culturel, traite le Monde Diplomatique de rouge-brun parce qu’ils ont osé faire un dossier à charge sur lui. Immédiatement soutenu par Philippe Val, qui était Charlie mais depuis tu comprends Carla est une amie. Eric Zemmour se prend pour la France et se rengorge de sa plus complète bêtise en nous assommant de sa violence verbale raciste et misogyne. Alain Soral et Dieudonné se tirent les cheveux pour savoir qui va dire le plus souvent « youtre » dans une seule phrase. Michel Onfray parle de Michel Onfray, tout comme Finkielkraut, Emmanuel Todd et tous ces messieurs qui adorent poser devant des bibliothèques chargées pour bien montrer que eux ils pensent. Le cinéma français continue de faire des fours remboursés par TF1 et l’avance sur recette à coup de comédie vachement marrante dans un camping on dirait et y’aurait plein de beauf ridicules. Le théâtre est en train de mourir, François Rollin a décidé d’arrêter au lieu de bosser à perte et les intermittents du spectacle sont priés de présenter leur papier à la soupe populaire, pas de resquilleur ! la Chambre des Arts et Métiers déplore la pénurie grandissante d’artisan d’art. Et question musicale ? Le rap de consommation courante ? Bouba le rebelle de Boulogne Billancourt ? Shab frère je suis un tueur mon daron c’est un baveux ! Ou bien la bande des quadras aphasiques, les amants à Carla ? De toute façon ça sert à rien la culture, l’employé du mois préfère poser avec un maillot de foot que de s’emmerder devant Picasso. T’as vu récemment un président en exercice occupé dans un musée, recevoir un grand poète, distinguer un peintre, un chorégraphe ? Et le dernier Goncourt, tu te souviens de quoi il parlait ? Une nounou tue les marmots qu’elle a en garde. Je suis absolument certain que Céline aurait trouvé ça passionnant et que Camus aurait fumé une cigarette à la lecture de ce drame engagé….

Deuxième axe du mouvement social les partis politiques. Là c’était facile, par la grâce du suffrage universel les partis ont besoin d’argent pour leur campagne. Beaucoup. Et plus le discours s’est vidé, plus la lutte sociale a laissé place au « care », comme disait Martine Aubry, plus les candidats ont été lancés comme des lessives, et les campagnes ont coûté de plus en plus cher. Des budgets cinématographiques. Sans compter que les candidats sont recrutés exclusivement dans le même cercle social, avec le même cursus. Macron a fait Science Po et l’ENA pourtant quand on l’écoute parler on regretterait presque qu’il ne soit pas footballeur.

Troisième axe l’idéologie elle-même. Certes l’effondrement de l’Union Soviétique a largement aidé au démantèlement de la gauche. Mais l’invention du Front National également. On ne cesse de nous répéter que Mitterrand s’est servit de Le Pen pour diviser la droite. Pourquoi seulement la droite ? Les communistes ont perdu leur base populaire au profit du FN et ce qui reste du PS s’est mis a entonné le discours identitaire à coup de « les Roms n’ont pas vocation à rester en France » ; Au reste plus un seul de nos intellos autorisés ne parlent de lutte des classes, ils ont la bouche pleine d’islamophobie, de guerre des civilisations, de communautarisme divers et variés, de bavardage sur le voile et de Grand Remplacement.

Quatrième et dernier canal des mouvements sociaux, leur bras armé si j’ose dire, les syndicats. Pour contrer l’influence communiste et socialiste les américains, encore eux, créèrent et financèrent le syndicat Force Ouvrière. La CFTC, l’ami des patrons, tel que nous la connaissons, a été créée après la scission de 64, lorsque Delors et ces copains fondèrent la CFDT, décidèrent de se rapprocher de la question de la lutte des classes, et de déconfessionnalisé leur mouvement. Afin notamment d’emmerder les communistes de la CGT. Le syndicat Sud est une déclinaison de FO. Bref avec le temps, à force de jouer les uns contre les autres, d’assurer des rentes à des délégués syndicaux, d’empêcher la création de syndicat dans les entreprises, de diviser et subdiviser les intérêts de chacun, le patronat est parvenu à rendre impuissant les dits syndicats en France. Oh oui, bien entendu, on adore parler des grèves ici, qu’on la fait tout le temps, et même qu’on prend en otage les usagers tout ça. Bon d’accord on fait moins grève que le Danemark et Chypre, mais ça compte pas. 80 jours de grève sur 1000 salariés sur les dix dernières années, c’est dire si c’est grave. Alors que l’Allemagne seulement 16 jours ! Les Allemands c’est des gens biens, c’est des gens sérieux, ils devraient revenir. .Et qu’est-ce que ces grèves ont changé ? Absolument rien. La loi de cette pauvre victime d’El Kohmri, dit « la cible idéale » ? Manu la Terreur a sorti son joker, et fuck la lutte des classes.

Je trouve ça curieux quand même cette lutte sociale qui répète les mêmes recettes sans résultat. Quand une entreprise créait de la richesse, quand son avenir dépendait de sa production et de sa qualité, les ouvriers en grève c’était gênant. Ford en grève c’était de l’argent perdu, beaucoup mais aujourd’hui ? Aujourd’hui Mital délocalise et il vous emmerde. Aujourd’hui  Bolloré rachète votre entreprise, vire tout le monde et la revend plus cher au bout de deux ans. Qu’est-ce qu’ils peuvent bien en avoir à foutre à la SNCF que les cheminots ne travaillent pas puisqu’ils veulent justement démanteler et privatiser ? Et qu’en plus c’est les cheminots qui payent la grève de leur poche !? Puisque à coup de rachat en LBO une holding se fera plus d’argent que Disney, Coca et Microsoft réuni avec leur production, pourquoi il n’est jamais venu à l’idée des syndicats de faire, par exemple, la grève des contrôleurs, ou la gratuité des transports. Taper directement aux portefeuilles des actionnaires. L’argument de la prise d’otage en prendrait un coup non ? Et si par exemple un syndicat , composé de magistrats, d’intellectuels et de citoyens décidait de faire la grève de l’impôt tant que l’affaire Servier n’est pas jugée, les responsables condamnés et les victimes indemnisées, ça aurait une autre gueule question désobéissance civile que de se pointer à l’Assemblée sans cravate.non ?

Et si vous remplissiez les petites cases de votre imagination pour vous demander comment conserver vos congés payés et vos droits les plus élémentaires. Vous savez, les congés payés que l’on parle de supprimer avec les RTT. ? Pour éviter que Vincent choisissent pour vous ce que vous devez voir ou non à la télé. Pour qu’Eric Zemmour ferme de temps à autre sa gueule au profit d’un véritable intellectuel, un historien, un auteur, un magistrat, un poète, quelqu’un qui vous nourrisse d’autre chose que de haine et de mépris. Et si on se demandait cinq minutes si livrer une société tout entière aux lois du marché et à la voracité du CAC40 n’était pas assimilable à de la haute trahison, on pourrait virer Maman et son petit homme sans lui refaire la coupe de cheveux. Et si ce pays grandissait un peu ?

Etat de la justice en France

Affaire Françoise Nicolas

Programme culturel de la CIA

Carte de l’implantation mafieuse en France et en Europe

 

Rien à voir

La diagonale du pire dans le métabolisme chimique d’un continent à la dérive sur des fleuves obliques striés comme des zèbres ondulants et clapoteux, parfumés de sacs plastiques multicolores, un printemps de supermarché. Tout doit disparaitre ! Le rayon dégueulant la marchandise au centuple des sillons creusés sur les mains des enfants du Bengale teintés de bleu jean comme des zoulous de l’espace en mode technicolor from Mars. La lapidation des consommatrices sous le joug du papier glacé des impératrices squelettiques aux yeux de chat porno, fendues sur des mousselines couteuses par des ongles pédés dans la garniture de vieilles bicoques frelatées par des milliardaires plastifiées sous les ors monegasque d’un été entre prélats de la même église. Rien à voir.

 

Le marocain nubile dans les grâces d’un marocain ministériel des fraises et de l’agitation en milieu tiède dodeline du cul près de la piscine miroir et vert de mer qui scintille sous la pastille de son importance toute relative, Un marocain camé de son dieu de cadavre repend son autosatisfaction de branleur sur les remparts d’un songe anarchiste, une marocaine violée se fait happer par une foule frustrée et pornographiée comme une sodomie en plan large, vive le viol, vive la mort. Rien à voir.

 

Langouste égarée dans un panier de crabes enlacés sous le lacet savant d’une ordonnance caractérisée de chrome et d’or sur la feuille de silicium d’un mage du papier dollar. Il charme la courbe insane d’une chiffrée pétrolière éclaboussant d’épaisseurs gluantes et fumantes la flaque de sang d’un cadavre frais de nègre Kivu. Il berce la cataracte mauve de l’œil de l’envie sous la latitude d’une plage off-shore en immondice d’or et de palmiers. Des femmes au cou gracile gribouillé de diamants juifs sur des comptes de Zoug mitraillent en cascade de rires insanes le minable qui sous-traite l’ultra comtesse faramineuse sabrant le Pérignon sur le crâne d’enfant-œuf au dos zébré d’esclaves tropicales. Rien à voir..

 

Le grouillant d’une masse bob et K-Way mugissant de leur satisfaction repus d’enfant de salaud pilleurs de poème en image désincarnée d’un souvenir de caca sur les collines d’un désert d’ivoire, bidule was here, in memoriam du néant retracé sur des pages électronique de milliardaire complexé par un sexe ordinaire. Des foules compactes d’imbéciles congés payés dégobillés des charters pour des retours de chaude-pisse tropicale à l’ombre des putes de Pataya. Ca rote des cames compliquées de chimie intelligente sur des drames sophistiqués de trentenaire tatoué au milieu du néant de sa différence stéréotypée par des fascicules du bien consommé glouglouté des bacs à vide d’un média consorsium. Pas cher, pas cher, viens voir mon tapis d’Orient qui rame à dix dirhams en opéra de boustifaille dégringolant des montagnes de viande sur des assiettes privilégiées de clampin sans dent dans le tournis vicié du tourisme de masse. Rien à voir.

 

Des freluquets encravatés de soie violette, coulés dans des uniformes sur mesures de césar de chenil, discourent de leur importance au nombril du monde d’un prime time de galerie pour vendre plus de coca charbonné de substituts usinés dans des cuves nazi de quelque projet de grandeur. Il borborygme sa satisfaction d’être lui, de n’avoir rien à dire mais de le dire bien dans la scolastique d’une langue en sapin. Enterrer les idées et en faire des sucreries à mâchonner pour les pouilleux qui s’entassent devant l’écran de leur ignorance. Des dimensions parallèles parasitées par l’absurdité élective d’un tour de passe-passe éventé comme une farce donnée et sans importance aux foules affamées d’idéal, fronçant l’œil sur le firmament d’un avenir en abime, et piaulant tel des chiots sans affection leur peur de laisser à l’héritage une longue agonie, derrière l’éclaté fluorescent d’une vitrine au dieu solde, et tout doit disparaitre. !. Rien à voir.

 

Des torrents synthétiques de sang graphique gicle en vomi aseptisé d’un cinéma pisseux, violence grisante et marketée comme une fille facile sur un lit panthère dans un fantasme glacé de parvenu libidineux dégénérant dans des jeux vidéo de tourisme casqué et d’anarchie facile de caïd cinématographique en mode couille et tergal. Des spectacles infantiles de monarchie sans enjeu juché sur les dragons rouges des tapis enroulés d’une aristocratie du toc en sourire qui claque sur les étals retouchés de marchandise de choc.  Rien à voir.

 

Verticales dominantes plaquées polychrome d’affamés cintrés de parachute d’or et golden shower sur les berges féroces d’infirmes sur le retour de contrées sauvages, jungle des bistourés cacochymes en plis étirés sur des clavicules décharnées de régimes sans glucides, jus de carotte transgényco-californienne, les dents porcelaines taillées au rasoir pour des jugulaires infantes dans les castels imaginaires des rives de la nouvelle économie. Rien à voir.

 

Chimères fantastiques d’opiacé constitué en gerbe dégarnies d’infanticides télévisés, l’œil calculés dans la lucarne des terreurs à la commande de quelques publicistes soda saupoudrés cocaïne, plantés dans la conserve de brique rose cinq cent de leur aptitude à dissimuler le cancer dans le colon du sacre-journal. Au jeu des miroir du pays d’Alice farubileuses et spermicides d’une sixième extinction d’oraison glacée au firmament d’une pourriture qui balbutie sur la peau verni des crocodiles sac à main. Rien à voir.

 

Le sac à main couteux des frères du bayou n’a rien perdu de ses mœurs sauvages, il s’enroule sur les turpitudes d’émeraude et rubis de la princesses décolorée, l’entraine dans les tréfonds d’un viol collectif de perroquet de salon soucieux d’étiquette dans l’absorption de pâtisserie en forme de plug anal pour gorge bourgeoise et bien garni de suceuses endormies sur les canapés ouatés à la fleur d’euros. Rien à voir.

 

Marchandises claironnées, plaquées en lumières électriques sur des boulevards griffés de vapeurs d’essence, poubelles obèses soulagées dans des rivières poétiques de reliquat de campagne champignonnée d’hypermarchés faramineux sous les lampions du semblant et de la paresse des foules gavées d’images en hyperboles de leur désastre intérieur, vissées sur des canapés suédois de quelques forêt ravagée statistiquement par des cadres soucieux de leurs enfants et du bien obéir dans le mugissements du troupeau satisfait d’une fin de l’histoire en forme d’agonie de soin palliatif. Rien à voir.

 

Canoë dérivant sur le clapotis enthousiaste, terrain de jeu des pédalos et des bouteilles de crème solaire vides. Embarcation ras la mer aplatie de futurs esclaves à la peau grise des maux de mers et des terreurs nocturnes sous les bombes high tech des princes dorées du triomphe impérial. Crevoir satisfait des périphéries niçoises sous le regard grognée de quelques épiciers du confis et de la corruption, déblatérant leur inutilité au micro attentif d’un stagiaire jaune de la réussite vedette qui courbe devant le paresseux donnant sa leçon de rien nombrilistique. Que ça peut pu aller toute cette mendianterie qui n’a même la décence de se laver dans le lisse d’un pavillon à crédit sur 100 ans. Et petits bruits de bouche sur les réseaux de l’antisociale sponsorisé par des marques de lavabos connectés. Ca grimaille ses théories nationales dans l’angoisse du remplacement de sa petite importance de face de craie et ça carême devant la main crevé du Rom négatif au rire d’or devant ce peuple d’émasculés. Rien à voir

 

Marmaille médusée sur des radeaux d’infortune cannibalisés par les objectifs voraces des médiamétries corporate. Grouillement de guenilles au regard déraillé sur le fil barbelé de l’Europe marchandise, Intermarché ferme ses portes à dix-neuf heures, les indigents sont priés de se présenter à la poubelle pour leur sirop de Javel. Suffisance emplâtrée sur des plateaux télé aseptisé comme des frigos d’abattoir, vernis à ongle de la civilisation bien née qui craquèle sur la couche grasse et juteuse de la bêtise primitive du petit propriétaire sans crédit, rentier de ses défécations satisfaites . Rien à voir.

 

Micro processeurs aérodynamiques d’un super futur en forme de trip à l’acide des mauvais délires d’un singe de luxe dans une tour d’ivoire. Tripotis des combines humaines, s’absoudre de ses propres misères qui cherche le contact vers le ciel mais oublie de saluer les fleurs. Manger tous les jours des pâtes sous le luminaire éco-responsable d’un avenir de déchet radioactif sur les plages de Somalie, rajouter du fromage artificiel pour faire plus festif, enrichir la kémya, du sang plein les pattes d’avoir fait miroiter le bureau ingénieur des hommes du futur de tout de suite. Rien à voir..

 

Génie USB sirupant ses données fantastiques dans le système sanguin d’un appareil de distraction. De l’art en conserve consommable n’importe quand sans le grès d’un peu culture, pour soulager des chips. Je serais tous tes souhaits de fantasmes technicolor mais ne lit pas Steinbeck ça fait mal au crâne. Grimace autorisée de savonnés précieux au tour de cou de poulet, déblatérant leur inculture conflictuel pour faire dormir en réfléchissant. Spectacle de société mascarade qui ne sait plus rien mais le sait mieux que tout le monde. Tristesse infinie des fonds de tiroir qui attendent qu’on les débarrasse des derniers arguments en faveur de la stupidité. Rien à voir.

 

Un type passe les poches trouées dans ses poings crevés, le poil gras des nuits sur le parvis d’une église éclairée toute la nuit comme un concessionnaire motos dans un quartier élu, ça gargouille dans son bide, objectif kebab. Sur le devant de sa scène un mégot de joint à peine dégarni par quelques coyotes en survêtement pimpant. Il le ramasse, il l’allume, sa journée est faite. Rien avoir.

 

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