Le IVème Reich, l’avènement.

Inspiré du fascisme de Mussolini, plein de la mégalomanie et des fantasmes d’un Hitler, le nazisme est une sorte de révolution conservatrice avec un ADN raciste. Et si les juifs sont la principale cible d’un antisémitisme d’état, leur élimination systématique ne fut pas la première idée engagée à ce sujet mais l’expulsion vers un état choisi arbitrairement. C’est ce que l’extrême-droite moderne appelle la remigration, et cette fois ce ne sont plus les juifs qui sont visés mais bien les musulmans.

Le Reich d’Adolf Hitler est né de la défaite de 1918, au même titre que le fascisme de Mussolini. Du Traité de Versailles, de la répartition du monde voulu par les vainqueurs et dont sera écarté notamment l’Italie. Ce qui permettra aux fascistes de parler de « victoire volée » les italiens censés faire partis des vainqueurs mais ne touchant que des miettes après 1918. Il est surtout né d’une crise de 1929 particulièrement dure qui jeta mondialement des millions de gens à la rue. Enfin l’on peut raisonnablement y ajouter une base de violence née d’une génération qui a connu les tranchées mais également une épidémie aujourd’hui oubliée du grand public, la grippe espagnole, qui fera quand même à elle seule entre trente et cinquante millions de morts à travers le monde, soit, pour l’époque, entre 2,5 et 5% de la population mondiale.  Le covid a tué à ce jour environs sept millions de personnes mondialement, sans compter tous ceux victimes de son pseudo vaccin, inoculé de force dans bien des pays. Le Sida, lui a fait depuis son apparition il y a quarante ans, près de trente millions de morts, dont un certain nombre victimes également de sa propagation volontaire en Afrique. Notamment par les services de renseignements rhodésiens et sud-africains du temps de l’apartheid. Mais aussi par le biais des viols de guerre, politique suivi par les armées rebelles de RDC depuis le génocide rwandais. Quand aux crises sociales et économiques, les états occidentaux ou occidentalisés ne connaissent que ça et de façon systémique depuis plus de trente ans. Ce qui n’empêchera pas des bulles spéculatives comme celle de 2008, ni les révolutions, comme le Printemps Arabe.

Mais le péché originel du IVème Reich, son acte de naissance en quelque sorte, naitra sur les débris du Mur de Berlin, avec la mort programmée du communisme soviétique mais également, notamment avec l’avènement du communisme à la chinoise. Avec l’effondrement lent mais complet de la gauche en Europe et avec l’émergence coordonnée et soutenus par le libéralisme économique et ses serviteurs, de l’extrême droite. Une émergence qui va essentiellement se fabriquer à partir des années 90 et fleurira sur le terreau du mensonge, de la désinformation, de la perversion du langage et de la manipulation globale voulu par les tenants du capitalisme moderne, le capitalisme financier. Et dont Trump, comme Macron, Bolsonaro ou aujourd’hui Milei en Argentine, sont les dignes représentants. Un capitalisme fascisant. Un capitalisme qui lorgne aujourd’hui vers un système social à la chinoise, un système de contrôle total des populations. George Orwell avec 1984 croyait avoir rédigé un avertissement au sujet des tyrannies de son époque. Il ne pouvait pas imaginer qu’il s’agirait d’un manuel de conduite pour les tyrannies modernes.

C’est acté, l’un des seuls pays à s’être débarrassé d’une dictature fascisante de manière pacifique, la dictature de Salazar, vient à son tour de basculer. Troisième parti d’un pays historiquement de gauche, le Portugal, Chega (« assez ! ») parti populiste, vient de rentrer au parlement. Un symbole fort qui devrait réveiller les consciences de gauche mais je crains que de conscience ici, il n’y en ait plus beaucoup. Et de volonté de lutte encore moins. La gauche européenne ne s’étant pas réinventé avec la chute du Mur, s’étant laissée mollement castrée par le capitalisme financier, il n’y a désormais plus de penseur de gauche, de figure charismatique, de manifeste, mais des carrières et des carriéristes de gauche. Et sur cette mort programmée d’une gauche européenne sans boussole. Sur la disparition lente et également voulu des figures politiques et culturelles atypiques ou non conformes au rouleau compresseur libéral. Acculturation, abêtissement globale, lissage du discours par la censure des algorithmes, manipulation de l’opinion à coup de sondage et de contre vérité dispensée à longueur de médias mainstream, ou non. Autant d’outils qui vont permettre l’émergence de figures politiques « soda » médiatisés et vendus comme des starlettes de cinéma, tel un Sarkozy, Trudeau, Berlusconi ou le très fourbe Tony Blair. Mais également des « influenceurs » terme impropre désignant nos hommes et femmes-sandwichs modernes. Ambassadeur de la marchandise mais également d’un certain néant culturel. Emergence enfin d’une culture de la violence que ce soit à travers le porno, la cancel culture, les torture porn, ou les guerres mythologiques des films Disney, de Star War aux Avengers. Culture de la violence soutenue par une généralisation de la violence bien réelle. Non seulement depuis le 11 septembre avec les invasions conjointes de l’Iraq et de l’Afghanistan, mais la généralisation du terrorisme, l’avènement du mercenariat sous toutes ses formes. Et aujourd’hui la guerre en Ukraine et le génocide palestinien, voulu par trois entités ouvertement fascisantes, la Russie, Israël, et les Etats-Unis, n’en déplaise.

Ainsi on reviendra rapidement sur ce qui fait de la soi-disant démocratie américaine un pays fasciste. Sa politique du Destin Manifeste n’est rien de plus que l’espace vitale réclamé par l’Allemagne nazi. Son impérialisme tend non seulement à imposer des régimes pas du tout démocratiques dans des pays qui n’avaient rien demandé, mais au nom de cette fameuse démocratie dont tout le monde parle sans qu’on n’en voie un bout nulle part. Sa culture de la guerre permanente (près de 225 ans de guerres diverses sur ses 248 ans d’existence) son amour de la force brute et sa représentation quelle soit cinématographique ou simplement esthétique (le culte du corps). Sa glorification du drapeau et de la violence à travers la commercialisation à l’extrême des armes individuelles, ses hommages répétés aux vétérans de ses diverses guerres, et notamment, afin de propagande renouvelée, du débarquement. Son racisme qui après avoir été institutionnalisé (loi Jim Crow) c’est systématisé dans la société et notamment auprès des forces de police. Sa militarisation systémique, qu’il s’agisse des forces de police ou de son discours quasi constamment va-t-en-guerre. Son usage constant de la propagande la plus ronflante à travers le cinéma, la publicité, les médias en général, et la marchandise. Son obsession pour la pureté des mœurs, selon des critères tout à fait spécifiques aux seuls Etats-Unis mais qu’il veut imposer au monde entier. Facebook étant un distrayant reflet de cette obsession pour la régulation des mœurs. Du moins en apparence, car bien entendu Facebook est le plus grand réseau de prostitution et de pédocriminalité du monde. Il suffit pour s’en rendre compte de comptabiliser toutes les pages dédiées au très jeunes filles ou aux jeunes garçons, ainsi que tous les comptes reliés ouvertement à des escorts girls ou sinon à des escrocs type « brouteur ». Un pays qui aujourd’hui, après avoir volontairement mit le feu en Europe à travers sa guerre larvée contre la Russie, arme Israël et soutient son génocide devant l’ONU en refusant tout cessez-le-feu, au nom d’une pseudo lutte contre le terrorisme. Lutte qui masque en réalité une volonté d’affronter l’Iran des mollahs.

Pour autant le IVème Reich, qui est désormais un phénomène globalisant, ne s’appuie pas sur la seule Amérique pour émerger. Il s’appuie plus généralement à la fois sur les partis d’extrême-droite qui retrouvent là leur terreau naturel, mais également, comme l’a parfaitement défini l’historien Johann Chapoutot sur les partis qu’il nomme d’extrême centre, à savoir l’essentiel des partis libéraux. Les mêmes qui hier bramaient plutôt Hitler que Blum. Les mêmes qui, en France et ailleurs, notamment aux Etats-Unis, collaboreront avec les nazis, avant et durant la guerre. Aussi il ne faut absolument pas se surprendre de voir Macron inviter l’extrême-droite et un parti fondé et composé d’antisémites notoires à une marche contre l’antisémitisme. C’est dans la continuité de cet avènement, dans la volonté même de la bourgeoisie de se protéger du populo, voir de s’abstraire du peuple. Et que ceux qui ont cru à la notion de « barrage » ou au « vote qui m’oblige » se réveillent de leur naïveté. Depuis qu’il est au pouvoir, quand il n’a pas pu s’appuyer sur large majorité de droite, le gouvernement à invoqué le 49,3. Et la droite et l’extrême droite se confondant désormais dans le discours, il ne faut pas se surprendre quand la loi immigration est votée à la majorité et que les lepenistes parlent de victoire idéologique. Le «projet » de Macron n’ayant jamais été ailleurs que de faire couler la démocratie déjà vacillante en France, et son modèle social, lui qui déclarait déjà ne pas aimer ce terme. Et ce à seul fin de servir cette rupture voulue par la classe dominante envers les classes moyennes et prolétaires. Ce que l’on nomme improprement dans les médias les « élites » et qui n’ont d’élite que le titre que leur ont donné les dit médias.

La poussée de l’extrême-droite en Europe a commencé réellement à partir de  2010 et se généralise comme une maladie aujourd’hui en 2024 du nord comme au sud. Et si la France n’est officiellement pas encore tombée, officieusement c’est acté. Nous en avons eu deux brillantes démonstrations, qu’il s’agisse de la brutalité de la répression macroniste à l’égard des Gilets Jaunes et de toute forme d’opposition ouverte ou de sa gestion du covid. Mais l’arsenal juridique, et les lois d’exceptions propre à tout état fasciste, avaient déjà été votés sous Sarkozy puis Hollande, preuve s’il en est que les libéraux tiennent volontiers la main de leurs opposants de papier si ça peut servir ce projet de rupture et plus globalement cette mise sous tutelle de la population mondiale selon un modèle qui emprunte énormément au nazisme.

Un exemple de néo nazisme globale ? Le transhumanisme. Ce mouvement mégalomane et angoissé d’une Silicone Valley pleine de son pouvoir et qui tend à débarrasser les hommes de leurs « imperfections ». Hier l’eugénisme et l’Aktion T4 des délires meurtriers des nazis. Aujourd’hui Elon Musk et ses implants cérébraux. Mark Zuckerberg et ses investissements pour éliminer la mort comme une maladie. Ou plus près de chez nous, les délires verbaux de Laurent Alexandre dont l’influence auprès des classes dominantes n’est pas complètement négligeable. Un autre exemple ? La surveillance globalisée, la disparition annoncée de la monnaie physique qui nous rendra tous dépendants d’une IA et de ceux qui la manipuleront. La militarisation des forces de sécurité, en France et ailleurs. La démocratisation des puces intradermiques, présenté bien entendu comme un progrès et un facilitateur d’échange. Ou encore le projet de l’état macroniste de confondre carte d’identité et carte vitale, de sorte que le verrou du secret médical saute tôt ou tard. Et enfin une uniformisation des médias, non seulement sur leur aspect visuel que sur leur contenu. D’un bout à l’autre de la planète, selon les intérêts de chaque pays, un point de vue uniforme, propagandiste, et consensuel.

Car ce nazisme, que j’ai appelé dans un précédent article, le totalitarisme kawaï, se veut propre, rose, distrayant, fun, dispensé du moindre contenu politique ou clivant. Tout en proposant en guise de contre-culture, une cancel culture qui n’a rien a envié au ministère de la vérité de 1984. Une écriture inclusive plutôt exclusive qu’autre chose visant à mettre de l’idéologie dans les propos. Un « antiracisme » comme une coquille vide de sens et dont la logique est reprise à l’envie par l’extrême-droite pour raciser tout à chacun et ainsi se poser en martyr avec le « racisme anti blanc ». Mais qui bien entendu se garde bien de ne pas nommer des boucs émissaires, les musulmans en priorités, les « étrangers » en général mais surtout les moins blancs. Et un Darmanin d’associer sans vergogne criminalité et présence étrangère en France, comme une Affiche Rouge de base. Tout en veillant, bien entendu, à ne surtout pas déranger le pouvoir des mafias corses, géorgiennes, serbes, tchétchènes, russes, albanaises et italiennes qui prospèrent en France. Mais souvenons-nous que dans les années qui ont précédé la guerre, avec leur esthétique wagnérienne, les nazis impressionnaient le monde avec leurs défilés, leur ordre, leurs Jeux Olympiques, le redressement économique concomitant pourtant d’un réarmement massif. Or comme je le rappel dans mon introduction, les nazis sont passé d’une politique de remigration à une politique d’extermination. L’antisémitisme s’est peu à peu institutionnalisé avec les lois de Nuremberg en 38. Pendant que dans la France de 2024 on glisse lentement d’une islamophobie relayée avidement par BFM et CNews aux lois sur le séparatisme et sur l’immigration. D’une attaque ignoble du Hamas à la justification d’un génocide. Une remigration que propose autant le parti d’extrême-droite allemand qu’un Eric Zemmour et sa complice Marion Maréchal-Le Pen…

Hitler avait sans doute une nature psychopathique doublé d’un appétit de revanche né dans les tranchées. Et c’est peut-être la seule véritable explication à la guerre si l’on ne tient pas compte de la révolution d’octobre. La classe dominante moderne n’a jamais eu à souffrir de quoi que ce soit mais la voracité pathologique du capitalisme financier, la rendue probablement totalement psychopathe. Or si le péril rouge est né en octobre 1917 à Saint Pétersbourg et est mort en novembre 1989 à Berlin, il est un autre péril dont a parfaitement conscience cette classe-là. Un péril qui menace de nous engloutir tous autant que nous sommes, états ou individus, indifféremment de nos opinions ou de notre situation sociale, et c’est le changement climatique. Ce n’est pas par hasard que les élites de la Silicone Valley interdisent les écrans à leurs enfants, parfaitement au courant qu’ils sont de l’abêtissement qu’engendre une trop grande exposition aux ordinateurs et autre tablette. Pas plus que l’explosion du marché des super bunker ne relève du hasard chez les classes milliardaires. Et c’est très probablement l’objet fondamentale de ce projet de rupture. Il n’y en aura pas pour tout le monde. A vous la viande cellulaire et la misère au quotidien à nous le bœuf d’argentine et l’opulence. A vous la chasse au gaspillage, à nous les jets privés. A nous le gaspillage à vous la poubelle jaune, à vous le traitement des eaux de source comme des eaux usées, à nous le millésimé, etc… A ce jeu, les régimes totalitaires n’étant économiquement pas viables, la nécessité de fédérer autour d’une cause supérieure, et la raréfaction des ressources naturelles, l’appauvrissement des sols, et conséquemment des terres arables disponibles, la guerre deviendra un mal nécessaire. Il suffit d’ailleurs de remarquer la progression du marché de l’armement ces dernières années pour s’en convaincre. Rien qu’en 2021 les dépenses mondiales ont atteint la somme farubileuse de 592 milliards d’euros. Ce qui reste tout de même en de ça du seul budget militaire américain, 842 milliards de dollars en 2024. Car ce néo nazisme là, celui que prône culturellement le transhumanisme et politiquement libéraux et extrémiste de droite, que propage par l’anecdotique, la bêtise, et la haine, les réseaux sociaux, bref celui qui est finalement l’ADN du capitalisme global, ne peut et s’est jamais passé de la guerre. La guerre pas seulement comme effet de lutte entre deux convictions, deux ou plusieurs peuples, mais comme objet fédérateur, comme épreuve dans la force et la violence de sa virilité, comme culture même et enfin comme formidable accélérateur économique et industriel. Une guerre permanente qui ne se proposera plus de mettre en servage les slaves mais le monde entier, d’exterminer les gêneurs après les avoir décrétés indésirables mais seulement ceux qui ont le toupet de rebeller contre l’ordre établi, comme les palestiniens à l’instant où j’écris ces lignes. Les indiens d’Amazonie, les populations à l’est de la République Démocratique du Congo, le peuple syrien, arménien, kurde. Une extermination pas nécessairement médiatisée, pas nécessairement aussi immédiate et systématisée que pendant la seconde guerre mondiale, mais mécanique et inexorable. D’ailleurs qu’est-ce que change les médias là-dedans ? Pas grand-chose dans la bande de Gaza. Comme si le ghetto de Varsovie passait en prime time entre deux pubs Ford. Et qui se souvient encore de ces femmes kurdes qui ont courageusement combattu Daesh pour être poignardées dans le dos par les turcs et conséquemment leurs alliés américains ?

Les années vingt sont prometteuses, les années trente seront assurément brûlantes, et pas qu’en terme de canicule…

La décroissance ou la mort

Nous nous berçons d’illusion. Dans les années 50 le géophysicien Marion King Hubbert, prévoyait la fin du pétrole aux Etats Unis pour l’année 1970, il ne s’est même pas trompé d’un mois. Et bien entendu quand il a fait cette annonce tout le monde s’est fichu de lui. Reporter sa courbe à la production mondiale, et le fameux pic de Hubbert était atteint en 2000. Hubbert s’est trompé. Il n’avait pas prévu les crises d’énergie des années 70. Le pic a été reporté d’année en année… Toutes les zones pétrolières ont été découvertes à la fin des années 60. Et depuis longtemps on sait que les pétroliers trichent sur leur réserve. Résolution de l’Opep oblige, plus on annonce de grandes réserves, plus on a le droit de pomper du brut. Et personne ne veut lâcher l’affaire. Le Royaume Uni, qui ne fait pas partie de l’Opep, a annoncé que ses réserves découvertes dans les années 50 seraient vides… Dans cinq ans. Cette courbe d’Hubbert est valable pour toutes les énergies non renouvelables. Et à ceux qui aimerait m’opposer par exemple que les ressources d’uranium sont quasi illimitées j’aimerais leur rappeler que c’est ce qu’on disait aussi des réserves de pétrole de Bakou ou du Texas avant de réaliser que illimité ça n’existe pas dans un monde limité.

On a déjà prévu qu’au rythme où vont la Chine, l’Inde et le Brésil il faudra bientôt 30.000 barils / jour pour subvenir aux besoins du monde entier, or c’est bien de la chance si on parvient à grimper jusqu’à 12.000 / jour. Nous avons instauré un mode de vie et peu importe finalement si nous en revenons ou pas. Pour le moment l’Asie veut des voitures en masse, les ex pays de l’est veulent des supermarchés pleins avec la grosse monnaie euro dans la poche. Et ça ne fait que commencer si l’on compte sur les projets d’accord commerciaux transatlantiques, pan asiatiques, etc qui se proposent au fond de produire plus pour un marché encore plus vaste et dérégulé.

Le marché ou la mort.

Produire, absolument produire, et consommer. On a beaucoup glosé sur l’effondrement du Mur et du communisme ainsi démasqué. On n’a pas remarqué qu’en démasquant l’un on démasquait l’autre. Que ce que dénonçait déjà l’extrême gauche, à savoir que l’ordre bourgeois et capitaliste se servait de la démocratie comme d’un prétexte, était parfaitement vrai. Passé le danger, n’ayant plus besoin d’opposer à l’hydre communiste le motif d’une société libre et réellement démocratique, le capitalisme a montré son vrai visage. Loi sur le renseignement, captation des territoires et des modes d’exploitation à travers des accords commerciaux, détricotage des lois sur le travail, et intense lobbying pour que les secteurs prometteurs de la santé, de l’éducation et de la vieillesse tombent dans l’escarcelle du privé. Et à travers les réseaux sociaux, les études de plus en plus raffinées des cabinets de marketing, les mailles du filet se resserrent. Il ne s’agit plus seulement de déceler des niches de consommation, il s’agit d’en standardiser les modes. Mieux, il s’agit de faire des individus des produits. Bref, le vernis démocratique qu’a longtemps revendiqué celui qui s’appelait le « monde libre » se dilue dans le marché, il devient un produit comme un autre, et au regard des pressions que subit la Grèce, un produit de luxe même. Jean-Claude Junker ne s’est pas gêné pour le déclarer, « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». En résumé le capitalisme montre son échec le plus complet en ceci qu’il ne propose rien de plus qu’une course en avant vers une consommation sans fond, n’hésitant pas à faire plier les peuples et les nations aux besoins de sa captation et de sa rapacité. Ses défenseurs, se situant systématiquement sur un rapport de force dépassé, celui du rapport droite/gauche, arguant que non seulement l’économie collectiviste avait montré sa plus complète gabegie mais que le capitalisme avait produit de fabuleuses richesses, ce qui est vrai. Dans un rapport de valeur totalement déséquilibré, le capitalisme a permis à son prolétariat de s’enrichir un petit peu pendant qu’une assiette un peu plus large s’enrichissait énormément. Des millions de gens ont pu manger à leur faim, et même mieux se croire riches parce qu’ils avaient de la viande à chaque repas, et un médecin à portée de main.

Mais tout ça ne repose que sur une logique productiviste. Le rapport gauche/droite, et même la relation tellement proximale que nous entretenons avec les résultats économiques. Le capitalisme étant tellement vide de sens, n’ayant en soi tellement rien à vendre paradoxalement, il en est venu à faire de l’économie un méta langage de notre quotidien. Nous ne nous demandons plus si tel artiste est bon puisqu’il fait un million de clics sur Youtube, que son album en crowfunding s’est vendu à 300.000 exemplaires et qu’il est passé au moins deux fois sur un plateau en prime time. Et cette logique productiviste ne fonctionne que par deux axiomes : 1) l’accès libre aux ressources énergétiques. 2) la quantité en réserve. Actuellement les Etats Unis sont les plus gros consommateurs d’énergie fossile de la planète. Une raison déjà simple à cela, l’Amérique s’est construite avec le pétrole, l’Amérique est un pays de voitures, l’Amérique a faim de pétrole, tellement faim que paf le chien, elle s’attaque à l’Irak. Ce n’est pas la première guerre énergétique, ce ne sera certainement pas la dernière. En sus de la guerre civile qui déchire l’Islam entre sunnites et chiites, l’on peut déjà voir le lutte d’influence dont dépendra le pétrole des émirats dans les années à venir. Et l’Amérique n’est qu’une partie du problème face à l’Asie et à la Chine en particulier. Or c’est une situation totalement inédite dans le monde industriel. Dans les années 70 seuls l’Europe, les USA et le Japon consommaient réellement du pétrole ou de l’uranium, aujourd’hui entre l’Inde et la Chine vous avez près de 2,5 milliards d’individus supplémentaires sur le marché, et précisément parce que celui-ci veille à enrichir ses clients, sa sphère commerciale augmente de jour en jour. L’Afrique aussi se modernise, et elle aussi elle veut des I Phones, des ordinateurs individuels, et une voiture. Pourquoi tout ce beau monde n’y aurait pas droit ?

La tyrannie productiviste

Les plus lents d’esprit de ce côté-ci du fleuve ont coutume de dire qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Demanderont-ils demain, pour sauvegarder leur confort, que les pays les plus pauvres n’accèdent jamais à la richesse ? Le capitalisme est une idéologie de captation et fait de la propriété un vol. Pour mieux se vendre il s’est intitulé lui-même libéralisme, or le libéralisme est une idéologie de l’individualisme face à la tyrannie du nombre. Pas un moyen pour améliorer ses qualités de prédateur. D’ailleurs qu’est-ce qu’une holding sinon un état subornant bien souvent d’autre état, le summum de la tyrannie dans la conception libérale. En réalité non seulement la logique productiviste du marché n’a rien à proposer, mais sa non proposition au forceps repose à la fois sur une situation totalement inédite qu’il ne peut anticiper, mais sur des réserves énergétiques limitées…. Un peu comme si on appuyait sur l’accélérateur à l’approche du mur…

Face à ça, la gauche traditionnelle, qui s’est construite par opposition à ce productivisme et en a fait le cœur de son discours, ne sait plus quoi répondre. L’échec du Grand Modèle ayant surtout révélé la faiblesse des convictions idéologiques au sein de la communauté socialiste et communiste. Et même s’il a changé de nom l’ennemi demeure le capitalisme, mais puisqu’on n’a plus rien à lui opposer comme modèle économique… L’économie, voilà le grand mot de ce début de XXIème siècle. Pas encore débarrassée des oripeaux de son passé la gauche, comme la droite du reste, se déchire sur les termes d’un matérialisme contre un autre. D’un productivisme contre un autre, les deux extrémités d’un même système. Et le fil est si ténu aujourd’hui que la gauche française en est rendue à préférer le sociétal au social, de peur de froisser les nouveaux maîtres du lobbying européen. Maîtres auxquels nous ont du reste vendu leurs cousins de droite en faisant le plus légalement du monde un déni de démocratie.

Mais qu’est-ce que c’est au fond la consommation, la production, quand on n’a rien d’autre à offrir ? C’est de la paix sociale. S’assurer que tout le monde ait sa télé, son I Phone, le frigo plein, c’est s’assurer que personne ne va se poser de question sur combien ça coûte exactement tout ça. Que personne ne va remettre en question le système. Que rien sinon les fous ne voudront jamais l’entraver. Pourquoi se priver du confort moderne volontairement ? Surtout quand on sait que des millions de gens n’ont même pas accès à l’eau courante. Et bien c’est peut être que bientôt, et plus vite que nous le croyons sans doute, nous n’allons simplement pas avoir de choix. Et la logique productiviste atteindra ses propres limites.

La captation du mot croissance dans la sémantique capitaliste a fini par l’associer au mot progrès. Le progrès c’est la croissance, la croissance c’est le progrès. Pourtant la croissance exponentielle de la holding Coca Cola ne fait pas particulièrement avancer la recherche, voir nous fait régresser en termes d’hygiène alimentaire. Le raffinement que l’on met à pomper toujours plus de pétrole n’inclut pas que l’on fasse progresser la technologie sur les énergies renouvelables. Et même mieux, l’hyper croissance de certaines banques, oblige les états à pactiser avec leurs propres lois quand ces mêmes hypers banques trichent. Le vieux principe du trop gros pour tomber. Et HSBC peut dans la foulée payer une micro amende de deux milliards et demi d’euros pour blanchiment, annoncer un plan de licenciement devant en dégager quatre, et continuer très exactement comme avant sans être plus inquiétée. Parti de ce postulat on doit donc admettre que le progrès et la croissance sont deux choses différentes, et que décider sciemment de moins produire et de moins consommer ne va pas avoir les conséquences catastrophiques qu’on lui prête chez les plus réticents.

La décroissance la future Révolution Industrielle

Mais est-ce que ça suffira face à la croissance chinoise qui veut jouir sans entrave ? Face à la consommation américaine pour qui ce mot est un tout ? Qu’une poignée de pays d’Europe décide d’adopter un autre modèle économique non productiviste, social, adepte des circuits courts et donc anticipant sur les problèmes énergétiques à venir. La Suède qui a longtemps bramé son modèle écologique et social, est vite ramené dans la cours des grands quand on lui rappelle que la totalité de sa population ne représente qu’un quartier de Pékin. L’Europe est une puissance économique. Mais en termes de nombre, à moins d’un mouvement généralisé,  elle ne représente pas grand-chose. Pour autant, ce modèle économique l’Europe marchande n’en veut surtout pas. Mieux, elle se sent tellement menacée par ce modèle, qu’elle sort toute l’artillerie contre la Grèce quitte à menacer de faire imploser son propre système. Il n’est pas question qu’on puisse envisager l’économie autrement qu’à travers le prisme européen des accords transnationaux. Qu’à travers le capitalisme le plus cru, le plus anti démocratique. De quoi a donc tant peur cette Europe-là ? Que redoute le G20 ? Il y a trente ans le discours écologique commençait tout juste à être pris en compte. Quand on parlait de réfugiés climatiques, les opposants à ce qu’ils appelaient « le catastrophisme » répondaient science-fiction. Aujourd’hui l’Inde érige un mur pour empêcher les bengalis de se pointer. Et on nous explique que non seulement nous vivons à crédit de nos énergies renouvelables mais que nous sommes face à une sixième extinction de masse.

En réalité nous sommes probablement à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle qui va s’appeler la décroissance. Une révolution industrielle qui cette fois ne va pas profiter de l’exploitation infinie de sources énergétiques, mais faire avec leur raréfaction. Une révolution industrielle qui va devoir d’autant se réinventer que plutôt que de viser le productivisme le plus aveugle elle devra répondre à une demande spécifique. Une économie à l’échelle humaine dont l’effet spéculatif sera d’autant réduit. Et bien entendu dans cette logique une exigence de probité auprès de ses élites politiques. Qui, s’il ne peut aller de soi, signifiera que plutôt que des politiques ont mettra des citoyens responsables aux postes clés. Et c’est un peu tout ça qui effraie nos grands industriels et nos tout petits hommes politiques de droite ou de gauche. Que les populations se prennent en main et ne pensent plus la vie en termes de course au haricot magique de l’ascension formidable, avec deux voitures et une maison chauffée au gaz. N’envisagez surtout pas votre vie autrement, nous nous chargeons de tout.

La réalité est que si un autre mode de vie, plus sobre, plus proche des réalités énergétiques, plus social, basé sur une économie de la coopération et non de la captation, est possible. Alors l’idée pourrait faire son chemin un peu partout, même en Chine où après tout la question de l’écologie n’est pas qu’une vaine affaire de bourgeois bohèmes inquiet pour ses tomates bio. La réalité est qu’on ne part pas en lutte contre un système qu’on ne craint pas et que si l’Europe du capital est si unanime contre tout système économique échappant à sa sphère alors c’est qu’il y a une piste à creuser de ce côté-là. Du moins pour ceux qui voudrait s’envisager un avenir, parce qu’en l’état nous n’en n’avons aucun.

Kilomètre zéro-Plein Ciel

Il grommelait. Vrombissait au-dessus de la terre, incessant murmure comme une avalanche lointaine, nuit et jour. Poussé par ses 18 turbines nucléaires, à la limite du ciel et de l’espace. Presque invisible, sauf par temps clair. Qui clignotait parfois aux extrémités, bleu, rouge. Il l’apercevait à travers ses jumelles électriques, la fumée de la ville, qui passait lentement, majestueux.

–       Putain d’enculés de fils de leur mère pourris !

–       On va passer t’inquiète.

–       C’est pas moi qui m’inquiète, c’est eux qu’on intérêt à s’inquiéter, quand on sera là-haut je niquerais toutes les plus belles !

–       Ah, ah, ah !

Terrible bilan en Indonésie après le passage du typhon Karl, on parle déjà de plus de 25.000 morts et de plusieurs centaines de milliers de blessés…

 

Il bourdonnait,  au-dessus de la catastrophe. On apercevait sa silhouette dans les strates de poussières et de brûlés qui flottaient dans l’atmosphère. Et quand la nuit tombait, dans la clarté des brasiers allumés, les gens criaient et faisaient des signes dans l’espoir vain qu’il les voit. Le Dieu Cargo.

–       Allez, allez, on traine plus là, départ dans dix minutes !

Il laissa tomber ses jumelles sur sa poitrine et attrapa le sac cabas  plein à ses pieds. Il y avait toute sa vie là-dedans, ou presque. Trois pantalons en synthétique, deux chemises, trois tee-shirts, deux paires de chaussures solides, une photo de ses parents, un grigris pour protéger ses biens, une carte ancienne et touristique d’Europa One, une lettre de sa grand-mère, un vieil ours en peluche aplati de ses jeunes années auquel il manquait les deux yeux depuis longtemps, une photo de lui à Paphos, posant fièrement dans sa tenue de travail jaune avec son copain Jorge, une casquette de chantier estampillée Coca Peps. L’homme le poussa par le bras vers l’entrée de l’avion, un vieux C17 vert-de-gris déjà plein de femmes, d’enfants, de vieux, entassés dans le ventre de l’appareil.

Des scènes de désolation comme on n’en avait jamais vu jusqu’ici dans cette région du monde, la Transnationale parle d’Apocalypse, les Quatre

se sont réunis ce matin, des convois humanitaires sous le mandat des Quatre sont déjà en route.

 

Vidéodrome. Le truc était posé au sommet de la colline comme un cube de sucre rose électrique, un totem dominant le bidonville. Les lettres de l’enseigne apparaissaient et disparaissaient au rythme cardiaque des joueurs. Excitation garantie, visible sur un rayon de deux kilomètres.

–       Merde ! Merde ! Et remerde j’en ai marre !

Il avait surgi du cube, un diable sur ressort, les cheveux en pétard, obèse. Il était furieux. Il remonta sa braguette, et sous le coup de l’émotion, attrapa l’embout du tube translucide qu’il avait collé à sa joue, tèta un peu. Le tube courait tout le long de son flanc droit, planté dans une vieille poche médicale récupérée d’un centre de secours. La poche était à demi pleine de Coca Slurp.

–       J’en ai trop marre merde !

Il leva la tête et regarda vers la baie au loin. Très lointain, au ras de l’horizon on devinait comme une étoile. Une étoile qui parfois clignotait, bleu, rouge. Sirota encore un peu et se mit en route en maugréant dans sa barbe, suant sous l’effort.

–       Merde, merde, et remerde !

Des milliers de victimes, Djakarta est ravagée, le médecin chef de la mission des Quatre me disait ce matin qu’il n’avait pas vu ça depuis l’attentat de Moscou, une femme est venue il y a à peine une heure, cela faisait deux jours qu’elle cherchait son fils, elle a fini par le retrouver, empalé au sommet d’un toit, un bébé d’à peine deux ans, elle portait son cadavre.

 

Il avait des épaules fabriquées pour dénouer des nœuds gordiens avec un seul doigt, une petite tête carrée blonde ras, rougie par la chaleur et l’effort, avec de petits yeux porcins, ronds, bleu faïence, obtus. Il balançait les sacs de riz du camion au rythme d’une machine. Cintré dans son survêtement jaune Bruce Lee, ses gourmettes en or qui bringuebalaient à ses poignets épais, sans un mot, teigneux. Il sauta du camion, et toisa les ouvriers qu’on avait assemblés pour l’occasion, ses hommes derrière, l’arme pointée vers leur dos parce qu’on savait jamais, que fallait faire confiance à personne dans ces moments là.

–       C’est comme ça qui faut faire ! Vous m’avez pigé !? Alors au boulot ! On n’a pas toute la journée nous !

Un jeune homme s’approcha, il portait un costume noir, cravate assortie, l’uniforme des novices, lui tendit une serviette éponge estampillée du clan Orsof. Il s’empara de la serviette, s’essuya le visage avec et la jeta par-dessus l’épaule. Les journalistes attendaient sagement à l’écart, les caméras braquées sur lui et le camion, la jeune femme s’avança, un sourire convenu plaqué sur le visage. On distinguait dans son œil droit un léger reflet doré iridescent qui faisait comme une griffe sur la rétine, signe indistinct d’une lentille intelligente. L’oreillette était invisible, à peine un point blanc luminescent sur le l’anthélix quand elle était branchée. Et il y avait les gammas bloquants aussi, l’indispensable outil chimique qui lui permettait d’isoler un des lobes frontal de son cerveau. Concentré uniquement sur la vidéo conférence qu’elle avait avec sa fille à des milliers de kilomètre de là.

–       Ouais c’est nous la Transnationale qu’est chargée du ravitaillement, mais comme voyez faut pas chômer ! ah, ah, ah !

Ça lui faisait comme une bulle dans l’esprit au-dessus du regard. Une bulle floue sur laquelle elle dirigeait son attention comme d’un curseur invisible. Une commande mentale avec laquelle elle pouvait élargir la bulle, augmenter le son, de telle manière que tout son esprit était comme transporté des centaines de kilomètres de là. Et avec les options Androïde et Geoloc elle pouvait même s’y plonger en trois dimensions, suivre sa fille dans la pièce où elle se trouvait. Et mieux encore, s’ils avaient possédé un projecteur holographique à la maison, elle lui serait apparue elle aurait pu virtuellement la tenir dans ses bras, et avec l’option RealSens la sentir sur sa propre peau. Mais il fallait des moyens pour ça, des moyens qu’elle n‘avait plus depuis son divorce.

–       Non mon bébé, je ne rentrerais pas avant la semaine prochaine.

–       Mais tu avais promis !

–       Je sais mon cœur mais tu sais il faut que maman travaille si elle veut que sa petite fille aille à l’école.

INDONESIE. Avec vos points S AIDEZ les victimes de la CATASTROPHE

 Le C17 décolla en premier, suivi du Cesna et du Falcon également plein à ras bord de famille. Les pilotes avaient des milliers d’heures de vol derrière eux. Mis au chômage par leur compagnie pendant la crise de 77, ils s’étaient installés près des anciens aéroports internationaux, les gangs les engageaient ponctuellement pour le transport. Cette fois ils avaient tous été payés double, une chance sur cent d’en revenir mais ça valait le coup à ce qu’il paraît. Derrière la toile de tente sur le bord de piste, les passeurs avaient installé leurs ordinateurs de récup, des hackers de 8 ans plantés derrière les écrans, un masque sur le visage pour se protéger des émanations d’or irradié et de mercure qui s’échappaient des écrans fendus et des cartes mères polarisées. Des téraoctets de bombes virales fonçaient droit dans les algorithmes des programmes de sécurité d’Europa One. La plupart ne passaient pas les pare-feu, éclataient dans les zones de quarantaine, inutiles, les clés de cryptage changeaient toutes les six secondes, passaient sur une fréquence basse, parfois une bombe mieux fabriquée que d’autres franchissait les lignes et se dispersait sur le réseau à la faveur d’un mail, remontait le courant jusqu’aux centre nerveux physique du géant et éclatait au milieu d’une procédure de sécurité. Les écrans du contrôle aérien se mettaient à bégayer, les données chiffrées viraient pixels, des tâches de couleur sur un paysage neigeux.

–       Oh, oh les mecs on dirait bien qu’on a une attaque soviétique sur le dos.

–       Attaca Sovietica ! Hihaaa !

Au troisième niveau d’un bunker souterrain, dans un open space lumineux, plein de plantes vertes hors sol, suspendues dans des paniers à écrevisse, au-dessus des bureaux, des informaticiens en chemise Hawaï pianotaient dans le vide, les mains devant leur visage extatique, les yeux fendus d’un trait doré, le regard vide, absorbés par les figurations virtuelles des espaces de calcul. Des combinaisons de clé de cryptages, des anti viraux, des pare-feu courant, lourdement armés dans des paysages de rêve sur détaillés et mitraillant, détruisant, pulvérisant avec des combinaisons d’armes savantes et exotiques au rythme pulsé d’un beat électro.

Statut : J’ai une pensée aujourd’hui pour mes amis indonésiens.145 J’aime. Commentaires 17. Oui moi aussi. Il faut que l’Europe envoie des secours. Ah ! Comme si on avait déjà pas assez à faire nous-mêmes, pourquoi toujours pleurnicher sur les catastrophes étrangères quand il y a tant à faire ici. C’est vraiment dégueulasse ce que tu dis JC. Je suis d’accord mais cela ne doit pas nous empêcher d’aider ceux qui en ont aussi besoin, nos moyens sont supérieurs à ceux des indonésiens, ne l’oublions pas. Perdamaïan à l’Indonésie, mes frères !

 

Les rangées de turbines ronflaient comme des nids de frelons, cités dans les nuages, suspendues entre les étoiles et l’océan. Indistincte derrière les nuages blanchis par la lune, on entendait leur ronflement qui courait sur la surface des vagues. Un écho permanent auquel s’étaient habitués les marins qui passaient par là. De temps à autre la cité clignotait, signaux aériens, zone interdite, rouge et bleu. Puis on apercevait un trait léger de carburant et d’air chaud mélangé, un chasseur ou deux qui disparaissaient dans le lointain. Juste avant que n’éclate le mur du son. Chasseur bombardier furtif Malcom traversant le ciel de New York, Bogota, les crépuscules majestueux de Rio, dispersant au hasard des bombes à drone. Ogive de cellulose qui éclatait au-dessus des toits dans une nappe brève de chaleur, libérant un essaim d’engins pas plus gros qu’une mouche, 0,11 grammes d’intelligence et d’explosif C6 High Power. Un pédoncule informatisé sur un écran de commande ventilé par les courants d’air, une flèche invisible au service de la sécurité de tous.

–       Comme vous pouvez le voir sur ces images Michel c’est surtout le sud de la péninsule indonésienne qui a été touché, c’est là que devront se concentrer essentiellement les secours.

–       Franck sait-on si le Secrétaire d’Etat d’Unasie compte se rendre sur place finalement ?

–       Il y a des rumeurs en effet, des rumeurs qui disent qu’il pourrait venir ici à Sumatra. On aurait vu des unités secrètes de la police indonésienne dans la région. Mais vous savez, pour le moment, ce qui est préoccupe tout le monde ici c’est survivre.

 

–       Merde, merde et remerde.

Il avait du mal à passer une porte en une seule fois, donnait toujours l’impression de vivre dans une maison de poupée avec un géant. Il aurait été bien mieux dans un appartement plus grand, moins encombré aussi. Un loft comme dans Cocaïne Cop sa série préférée avec Paolo Wung, le beau gosse international. Enfin c’est ce qu’elle se disait parfois quand il entrait, poussant devant lui son odeur acide de graisse saturée.

–       Qu’est-ce qu’il y a encore ?

–       Merde, maman, merde ! souffla t-il en attirant un tabouret vers lui.

Les chaises lui étaient interdites, les fauteuils et les canapés des zones piégées d’où parfois on était obligé de le sauver à plusieurs. Sur un tabouret il ressemblait à un chawarma tout neuf attendant la clientèle.

–       Dis-moi, qu’est-ce qu’il y a !?

–       Merde, merde, et reremerde, je veux partir !

–       Et tu veux aller où ?

–       En Californie !

–       En Californie ? Mais tu veux faire quoi là-bas ?

Il fixa sa mère pendant un instant, les mots au bord de ses petites lèvres roses marquées d’un trait de duvet noir. Non c’était impossible… les mots refluèrent vers sa langue, rebondissant en grommèlement. Il faisait souvent ça. Quand il mentait, quand il essayait de cacher quelque chose. Ce bruit lui en rappelait un autre, celui que de la station America First au large. Ou encore cette rumeur dans le ciel quand Europa One passait. Le bruit du pouvoir. Comment un être aussi faible pouvait aussi bien imiter aussi parfaitement un tel son. Etait-il si bien glissé dans le creux de son inconscient à force d’être entendu que cette sonorité lui venait naturellement. Comme feu son père qui imitait à la perfection le claquement des bombardements et des armes légères.

–       Merde, merde je veux partir !

–       Mais pourquoi faire bon dieu ! Il n’y a plus rien là-bas !

–       Aaaah mais si tu les écoutes il n’y a plus rien nulle part ! On existe bien nous non !?

Parfois elle en doutait. Ou était-ce qu’elle espérait que ce ne soit pas le cas. Plus… Ça ne serait pas très compliqué à régler, il lui suffirait, par exemple de brûler le vidéodrome en haut de la colline, prendre une arme et tirer sur tout ce qui en sort. Son cas serait très vite examiné…

–       Mais on n’est pas en Californie fit-elle remarquer.

–       Nan mais même que la semaine dernière Fayollo Crims a affirmé que la Floride était déserte et que tout le monde était remonté vers le Nord !

Elle secoua la tête. Des bribes de mémoire qui lui remontait des synapses, comme des pans de tissus déchirés qui flottaient soudain en couleur dans le courant d’air de son esprit. Des extraits de vieux discours, de livres, de chose qu’elle avait peut-être dites, ou écrites, elle n’en savait plus trop rien.

–       Fayollo Crims est un programme informatique, un tas de pixels alimenté par une routine informatique de nouvelles préprogrammées qui passe en boucle selon un cycle de vingt jours. Les événements sont les mêmes, les lieux changent ! Ne comprends-tu pas dans quel monde nous vivons aujourd’hui !

Il regarda sa mère stupéfait. Fayollo Crims était son animateur préféré, elle ne ratait pas un seul de ses shows ! Qu’est-ce qu’elle racontait ?

–       Merde, merde et remerde.

Il laissa reposer ses jambes sur le lino crasseux, le tabouret dérapa sous son poids et claqua contre le sol. S’en était trop. Si sa mère se mettait à délirer maintenant, il n’y avait plus rien à espérer de rien ici. Fallait partir ! Il bloblota jusqu’à sa chambre de travers, le toit en aluminium s’était partiellement effondré, pliant le mur dans un angle bizarre. Le mur était argenté et gondolé, couvert de poster de femmes tatouées et pornographiques magnant des mandrins phénoménaux, fixant l’appareil la bouche bée, jaune, blanche rousse, toutes les couleurs sauf les négresses parce qu’elles ne lui inspiraient rien.

–       Merde, merde et reremerde.

Il se jette sur son sac d’écolier et le remplit d’un pull, d’un pantalon et ses économies au complet. Un petit lingot d’argent, des cartes mères, des puces, des dollars locaux, trois paquets de cigarettes de l’ancien temps, un dés hexagonal et translucide, irisé d’un arc-en-ciel pour les jeux de rôle..

 

Assurément la catastrophe en Indonésie risque de coûter cher à la communauté internationale. Et je ne parle pas seulement du prix des secours ou des pertes humaines, hélas trop nombreuses, mais n’oublions surtout pas que la bourse de Djakarta était un des premiers acteurs du marché. Il faudra aux Quatre le courage d’imposer des mesures d’austérité dans toute la partie orientale du marché qui ne seront pas sans conséquences pour les emplois.

 

Le C17 avait une plus grande autonomie que le Cesna et le Falcon qui partageait avec lui sa capacité à l’altitude. Le Cesna n’avait quand à lui aucune chance sinon celui d’un éventuel miracle qui n’arriva pas. Il fut touché par un missile MOAM pour Mother Of All Missile, tiré depuis Europa One à 0428 heure locale, environ 16 minutes après que les premières défenses radars soit brièvement mises informatiquement hors circuit. Puis les chasseurs Mistral V entrèrent en action. Trois ailes noires en graphite d’époxyde, véloces comme des chauves-souris qui contournèrent la gigantesque carlingue de la super structure d’Europa One pour attaquer le C17 à coups de canon de 40 mm ultra léger. Le bombardier réformé ne résista pas longtemps malgré les mitrailleuses qu’avaient installé les passeurs sur les côté. L’avion s’écrasa sur la surface de la bulle qui courait tout le long de la super structure, sans y laisser une égratignure. La dernière chose que vit le pilote fut, dans un bref éclat de lumière, la vision de jardins immenses et de piscines de luxe, haricots de turquoise et serres tropicales. Zoos et palais de marbre. Profitant de la confusion, le Falcon piqua à l’opposé vers l’immense appareil et tenta d’atteindre le premier pont ouvert, sur lequel il s’écrasa, fauché par une ogive intelligente de 57 mm tirée depuis la super structure et d’un canon suédois. Le crash n’est pourtant pas une complète catastrophe. Quatre rescapés, trois blessés intransportables et un seul, sous le choc, mais encore capable de compter ses dix doigts, capable de marcher, il entre à l’intérieur de l’avion comme on entre dans une église.

–       Mesdames, messieurs, c’est un miracle, oui il n’y a pas d’autres mots. 70 enfants qui avaient trouvé refuge dans une église ont été sauvés et l’église n’a pas été détruite en dépit de la violence des vents. Nous retrouvons immédiatement Charles qui est sur place.

–       Oui Bob c’est le mot du jour ici à Sumatra, un miracle. L’église Pentecôtiste de Jean Baptiste le Sauveur a contre toute attente résisté à Karl.

–       Les enfants vont bien ?

–       Les enfants sont choqués mais tous en parfaite santé.

–       C’est merveilleux, et maintenant une page de publicité.

 

Le téléviseur parlait tout seul, il était dans un autre monde. Ses oreilles bourdonnaient ou elles faisaient semblant, il n‘en savait rien non plus. L’esprit comme dans un bocal. Autour de lui, des étalages de victuailles industrielles, des piles de soda Slurp, Coca Slurp, bières Bunz, énergisant Flash Orange et Flash Citron, des présentoirs remplis de cartes postales jaunies d’un temps oublié, de CD de musique que plus personne n’écoutait, de porte-clefs USB et de peluche guerrière, le dernier cri en matière de nounours. Dans son bocal, le cerveau entièrement branché sur une autre dimension, il avait le sentiment de briller comme un soleil. Il était un soleil, un chevalier de soleil, son corps ondoyait comme une flamme, un buisson ardent, et ceux qui le voyait devait être comme aveuglé par sa majesté. Leurs yeux intérieurs brûlés. Il se pencha sur le corps et déposa délicatement un éclat de verre sur l’œil mort. Puis il leva la tête et fixa songeur le cube rose au sommet de la colline, le vidéodrome local, où il passait le plus clair de sa vie, le temple comme il l’appelait. Le temple vers le cosmos. Le retour aux sources. Un type passa. Un jeune obèse, fagoté n’importe comment, un autre habitué du vidéodrome, un gros cochon bien gras. Il essuya son couteau et replia la lame.

Le drone n‘était pas plus gros qu’un moucheron et le crime prohibé, un point noir au milieu de la vitre de la station-service. A peine un bourdonnement de moustique, et il traversait la vitre avec un petit bruit de cristal qui casse, ting ! Le drone continua sa course, 0,11 mg d’explosif High Power injecté, sa tête éclata comme une pastèque.

–       Merde, merde, et remerde.

Indonésie, vers un possible désaccord ?

Une nouvelle polémique a éclaté ce matin au sein des Quatre au sujet du réchauffement planétaire dont Karl serait la conséquence. Le président Jan Hao accuse Europa One et American First de ne pas respecter les conventions internationales à ce sujet. Inversion savoureuse des choses puisqu’il y a encore 30 ans, la Chine, qui ne faisait pas encore partie de l’Unasie, était un des plus gros pollueurs de la planète. En attendant les accusations du président de l’Unasie risque-t-elle de brouiller les pistes et déclencher des cafouillages dans l’acheminement des secours, c’est une possibilité. Vassili Iotev, chef du clan Orlov a déclaré récemment que la Transnationale n’agirait que sous le mandat complet des Quatre. Or comme on l’a déjà vu par le passé, le président de l’union la plus puissante du monde avec Russia Prima n’a pas l’habitude de laisser une accusation sans la faire suivre de mesure.

Les pavillons s’alignaient sur la colline, par rangées de six comme des légumes dans un potager. Un potager fermé par un grillage, filmé, aux entrées filtrées, gardé par un roulement de gardes armés. Rigoureusement identiques, les pavillons possédaient tous un jardin et une piscine de la même forme. La taille de la pelouse était réglementée par arrêté résidentiel, les barbecues entre voisins vivement conseillés, plus une zone pavillonnaire ses membres devaient s’envisager comme une communauté. Les plus chanceux, le premier rang avait une vue sur la mer, et parfois il pouvait apercevoir le méga tanker croiser à l’horizon. Unasie, c’était rassurant comme de se dire que tout n’était pas foutu, qu’ils avaient un logement, un travail, tous dans l’industrie des loisirs, que les gangs ne régnaient pas dans cette partie de la ville. Rassurant comme un barbecue entre voisins un dimanche après-midi. Le monde était donc toujours gouverné et le pouvoir était visible dans le ciel et  au large qui passait bourdonnant. Mega structure, méga gouvernement et tout ce que comprenaient encore comme élite culturelle et médiatique les nations représentées. Telle la méga star Steve Hawkins et sa femme Lola, parmi les rares qui venaient encore sur la terre ferme ou le philosophe milliardaire Bernard Barnard connu pour son opposition au système. Une présence dont certains savaient si peu se passer qu’ils connaissaient une phase de dépression quand les méga structures disparaissaient de l’horizon pour continuer leur tour du monde. Comme s’ils se sentaient violemment orphelins et livrés à eux-mêmes face au désordre du monde. Le chaos en bas de la colline était insupportable. Le cœur de la cité une zone de guerre, même ceux chargés de la sécurité, les rares brigades de police, les milices, étaient divisés en gang, servant leurs propres intérêts ou ceux de telle ou telle communauté. La plupart des membres de la résidence travaillaient depuis chez eux, mais ceux qui devaient se rendre sur place y allaient sous escorte. Blindage et arme automatique, Bagdad à domicile comme disait un vétéran, une des rares personnes âgées ayant survécu à la nouvelle ère. Plus personne ne voulait être vieux de nos jours, et encore moins le paraître. Vieux c’était être vulnérable et vulnérable c’était un signe, un mauvais, pour les prédateurs dans la vallée. Dans leur garage ou dans leur salon couleur fraise des quinquas bronzés poussaient de la fonte sur des appareils de télé achat, des ménagères faisaient leur footing dans les allées entre les maisons comme de petits soldats en survêtement rose ou jaune pâle. Parfois l’une d’elles s’arrêtait pour chercher des yeux les lumières rouges et bleues. L’Unasie disparaissait à l’horizon, direction le Pacifique est.

« Aujourd’hui l’Indonésie demain quelle nation devra souffrir de la désorganisation de l’aide internationale. L’idée originale de se reposer sur les groupes criminels plutôt que les laisser parasiter l’aide, de faire garder le trésor par des voleurs en somme, était sans doute originale et nécessaire au premier temps de la Grande Crise. Mais force est de constater que la Transnationale, une fois de plus, n’a pas assuré correctement son travail. Toute l’aide étant allée à ce jour, pour l’essentiel à Djakarta où la Transnationale a des intérêts. Ce n’est pas un des seules remarques pertinentes qu’a fait à ce sujet le président Jun Hao. La récente déclaration sur le réchauffement jette un nouveau pavé dans la mare d’America First et Europa One, l’élite de nos nations ramenée à leurs responsabilités sur le peuple. L’isolement physique et géographique préserve les élites du chaos du monde, et c’est ainsi, à cette seule condition, qu’elles peuvent continuer à le diriger sereinement. Mais elles ne doivent pas perdre justement de vue leur mission première qui est la défense de tous les peuples. »

Bernard Barnard 

Le survivant pénétra à l’intérieur de l’avion géant, sonné, le front ensanglanté, mais assez alerte et vivant pour craindre des gardes armés, et se cacher derrière des caisses de champagnes. Quelqu’un les avait oubliées là, et l’étage était désert. Il y avait bien des caméras qui filmaient, mais au bout d’un moment le rescapé comprit que personne ne viendrait. Au loin on entendait une musique, un opéra, il décida de prendre la direction de la musique. Et en chemin il admirait, alors c’était ça la cité radieuse, l’Olympe des administrateurs, des dirigeants et des vedettes. Des jardins en terrasse et des terrains de golf à perte de vue, des piscines géantes, de petits palais construits à flanc de colline artificielle, des buildings de verre et d’acier dressés vers la bulle qui dominait toute la carlingue. Il s’était attendu à ce qu’elle soit grouillante de monde, les rues étaient presque désertes. A ce que les services de sécurité soit en alerte mais personne n’avait semble-t-il rien remarqué du crash. Ou bien c’est qu’il leur semblait si impossible qu’il y ait des survivants qu’ils avaient négligé d’aller vérifier. Le miraculé se dit qu’il avait trop de la chance quand il croisa une vieille dame. Elle portait des lunettes ventouses à gros carreaux épais, elle ne devait pas y voir grand chose ou bien elle était folle parce qu’elle lui demanda où était Pablo.

–       Pablo, je ne sais pas qui est Pablo madame.

–       Mon poisson rouge voyons ! fit la dame avant de déguerpir.

Il la regarda partir et continua son chemin. Soudain d’un building surgit un groupe d’autres personnes âgées se poursuivant l’un l’autre en gloussant comme des enfants. Ils ne lui prêtèrent pas la moindre attention. C’était donc que ça Europa One, des petits vieux à moitié séniles dans un paradis volant ? Il s’était toujours fait une autre idée mais pourquoi pas après tout, et puisque personne ne le remarquait, il allait pouvoir s’installer. Il repensa aux autres, s’ils avaient su, si tous savaient…. Est-ce que ça changerait grand-chose finalement ? Sans doute pas. Il avait faim, il parti à la recherche d’un frigo plein.

Plus de trois mille morts c’est le bilan du tremblement de terre qui a frappé ce matin Mexico…